"Cruella", réalisé par Craig Gillespie, s'est présenté comme une relecture audacieuse de la méchante emblématique des "101 Dalmatiens", Cruella De Vil. Avec Emma Stone dans le rôle principal et un cadre dans le Londres des années 70, le film avait tous les ingrédients pour offrir une perspective nouvelle et profonde sur ce personnage. Cependant, il se perd dans une esthétique superficielle et une narration qui manque de cohérence et de substance.
Contexte Historique Mal Exploité :
Le choix du Londres des années 70, avec ses mouvements punk et sa contre-culture, aurait dû fournir un terrain fertile pour explorer les thèmes de rébellion, de transformation et de lutte contre l'establishment. Pourtant, le film n'en tire qu'une esthétique sans approfondir les implications sociales ou personnelles pour Cruella. Les éléments de l'époque sont utilisés comme des accessoires plutôt que comme des éléments narratifs significatifs.
Développement de Personnage Incohérent :
L'évolution de Cruella, de l'orpheline traumatisée à la méchante iconique, est précipitée. Les scènes censées montrer son enfance et ses motivations sont trop succinctes pour offrir une véritable compréhension de son caractère. Le film manque de moments clés qui auraient pu montrer sa descente dans la folie ou sa lutte intérieure, la rendant plutôt comme un changement de personnalité abrupt et mal justifié.
Une Histoire Cousue de Fils Blancs :
Le scénario est rempli de moments prévisibles et de dialogues qui cherchent à être mordants mais finissent par être plat. Les rebondissements sont faciles à anticiper, privant le film de toute surprise ou tension narrative. Les scènes de confrontation sont orchestrées de manière à ressembler plus à des moments de spectacle qu'à des moments dramatiques significatifs.
Des comédiennes remarquables :
Emma Stone apporte une énergie indéniable au rôle, mais elle est limitée par un script qui ne lui permet pas d'explorer les facettes plus sombres et complexes de Cruella. Son personnage devient un mélange de traits superficiels sans une véritable exploration de sa psyché.
Emma Thompson, en tant que Baroness von Hellman, l'antagoniste principale, offre une performance solide, mais le personnage est écrit de manière à être un simple obstacle pour Cruella, sans véritable développement ou motivation en dehors de la rivalité avec la protagoniste.
Avec de telles comédiennes, on ne peut que regretter que le potentiel pour une interaction plus nuancée entre les deux femmes ait été gâché.
L'Esthétique Avant la Substance :
Le film est visuellement impressionnant, avec des costumes, des maquillages, des décors et des lumières qui capturent l'esprit de l'époque. Cependant, cette attention à l'esthétique se fait au détriment de la narration. Les costumes, bien que magnifiques, deviennent presque le point central du film, reléguant l'histoire et les personnages au second plan.
Une Bande Son sans Saveur :
La sélection musicale, bien que bien choisie pour l'époque, est utilisée de manière excessivement ostentatoire. Chaque chanson semble placée pour attirer l'attention plutôt que pour enrichir l'histoire ou les moments émotionnels. Ce choix de bande son finit par distraire de l'intrigue. Une bande originale aurait été un choix plus judicieux pour un film de cette ambition.
Conclusion :
"Cruella" avait l'opportunité d'être un film mémorable, explorant les nuances de la moralité et de la transformation personnelle dans un cadre historique riche. Au lieu de cela, il se contente d'être un spectacle visuel avec peu de substance narrative ou de développement de personnage. C'est une déception pour les fans de Disney qui attendaient une réinvention intelligente et respectueuse d'un de ses personnages les plus complexes. Ce film est le parfait exemple d'une œuvre où le style éclipse la substance, laissant une impression de manque et de potentiel inexploité.