A New York, un tueur exécute sauvagement des homosexuels. Un policier, méconnaissant totalement cette communauté, est pourtant envoyé en infiltration dans le milieu libertin gay SM, pour y débusquer l'assassin ! Avec sa peinture sordide et caustique de cet univers underground, mélangeant corps suants, cuirs en tous genres, et sexe très explicite, on comprend pourquoi "Cruising" a pu s'attirer les foudres de la communauté gay à sa sortie.
Pourtant, le film est loin d'être homophobe, en témoignent certaines scènes sensibles ou d'autres montrant le rejet de la communauté gay par la société. Il vise plutôt à s'intéresser à un microcosme infernal où tout semble possible. Par ailleurs, l'enquête policière n'intéresse pas vraiment Friedkin, qui la met au second plan. Le film se centre surtout sur le protagoniste, incarné par Al Pacino qui livre une prestation audacieuse en hétéro lambda plongé dans un univers qui le dépasse complètement, et dans lequel il n'a a priori rien à faire.
On suivra sa descente aux enfers, ses tourments, et son évolution, jusqu'à un final pour le moins ambigu. Le tout est filmé par un Friedkin qui semble s'amuser à plonger son protagoniste dans la crasse, avec des scènes nocturnes poisseuses à souhait. On remarquera également une BO teintée de punk rock assez sympathique.
Un peu oublié aujourd'hui, "Cruising" est donc un polar intéressant, faisant preuve d'une certaine audace.