Un William Friedkin se voulant choquant, en montrant une certaine réalité homosexuelle du début des années 80 à travers une enquête policière.
L'aspect documentaire, à travers la mise en scène, apporte un réalisme sur la dangerosité latente de certains quartiers New-Yorkais la nuit. On arrive ressentir le côté malaisant de l'infiltration effectuée par Al Pacino. J'ai apprécié la prestation de Paul Sorvino en flic. C'est certainement ce film qui lui a donné le sésame pour jouer dans la série de Dick Wolf : New York Police District. Il joue exactement de la même façon.
A travers l'univers très masculin évoqué dans Cruising, une présence féminime émerge à travers Nancy Gates (Karen Allen) voyant son couple battre de l'aile car son partenaire Steve Burns (Al Pacino) change radicalement de tempérament, à cause des conséquences de son infiltration. Son talent d'actrice sera reconnu l'année suivante grâce à Marion Ravenwood dans Les aventuriers de l'Arche perdue.
Le sujet est intéressant au départ : l'infiltration et les conséquences psychologiques sur le personnage, son couple, son univers mais l'intérêt disparaît au fur et à mesure du visionnage. Le traitement psychologique des personnages homosexuels est assez cliché dans leur répresentation. De plus, je trouve le mobile de l'assassin d'une simplicité extrème comme si cela n'intéressait pas le réalisateur préférant décrire l'univers homosexuel sadomasochistes new-yorkais de l'époque.
Les infiltrations nocturnes effectuées par Steve Burns en déambulant simplement entre les gens, tout en scrutant tout dans les moindres détails, doivent paraître suspectes aux yeux de la communauté gay infiltrée. En fait, tout le monde s'en fout de ce qu'il fait ou de la raison de sa présence. Il va finir par se rapprocher d'un homosexuel devenant un indic, par la force des choses, afin de mettre la main sur le tueur en série aimant beaucoup les couteaux. Vous voyez la symbolique psychologique est assez claire.
A noter que la représentation de la police est peu flatteuse dans Cruising en montrant la violence ordinaire policière impunie. Son image est mise à mal, à travers deux flics, dont un est joué par Joe Spinnel, découverts dès le début du film. Leur attitude est d'ailleurs très ambigue envers les homosexuels. A un autre moment, cela tourne presque au comique quand Steve Burns, le flic infiltré, est refoulée d'une soirée "Cop" un peu spéciale parce qu'il n'a pas l'uniforme.
Malgré le côté sulfureux et polémique, je trouve que le film reste à la surface de son sujet. Je n'ai jamais eu peur pour Steve Burns car il n'y a pas la moindre surprise dans l'enquête assez classique dans son déroulement pour renforcer l'impact de cette chasse.