A l'heure où certains viennent vous dire sans complexe que Cry Macho n'est ni fait ni à faire, qu'il s'agit du Eastwood de trop, ou encore s'aventurent à tisser des parallèles simplistes avec Rambo : Last Blood ou un quelconque Liam Neeson movie, les mêmes devraient au contraire dire merci.
... Remercier le ciel de pouvoir encore, en 2021, voir un nouveau film du dernier des géants, comme ils peuvent voir, le même mois, le dernier opus de Ridley Scott pour mieux le démolir et le conspuer.
Car une fois ces deux-là partis, peu de réalisateurs seront en capacité de reprendre le flambeau de carrières aussi prolifiques et pavées de succès.
Parler de Cry Macho comme d'une oeuvre ratée relève de la même manière d'une certaine incompréhension, tant le film s'impose comme le prolongement du geste cinéphile de Clint, de la déconstruction de son personnage et des mythes qu'il a contribué à véhiculer.
Au carrefour de Bronco Billy, de Gran Torino et d' Un Monde Parfait, Cry Macho apparaît cependant comme une sorte d'anachronisme, tant parce que l'histoire se déroule entre 1979 et 1980, que par le sentiment diffus que Clint aurait pu le réaliser dans la même période.
Tandis que le film, qui s'envisage d'abord comme un road movie, prend des allures de véritable parenthèse enchantée où le temps se suspend. Où ce qui semblait s'annoncer tel un simple récit initiatique d'un gamin ingérable se mue en une fable sur la lente reconstruction d'êtres blessés par l'amour qui leur a été arraché.
L'humanisme et la tendresse que porte Clint Eastwood à ses personnages permettent d'ensoleiller Cry Macho de scènes belles et émouvantes d'échanges et de rapprochement. Tandis que sa vieillesse, de plus en plus prégnante quand il filme ses mains noueuses et tavelées, ou son visage creusé et désarmant, relève plus que jamais d'un mélange de liberté, de renoncement, d'acceptation et de mélancolie.
Si Cry Macho n'est peut être pas un immense Eastwood, son classicisme intemporel et son coeur ne peuvent que faire espérer qu'en 2022 ou 2023, nous aurons encore le privilège de voir au cinéma le nouvel effort du Maître.
Behind_the_Mask, qui refuse farouchement de rentrer dans son ehpad.