Aurait-on perdu notre bon vieux Clint? A voir ce nouvel opus annuel de la légende on dirait bien. Car « Cry Macho » risque d’être l’un des faux pas récents les plus tristement raté de sa carrière. En plus d’être un cru mineur dans sa filmographie, on peut même avancer que ce film n’est pas bon du tout. Notre bon vieux Clint Eastwood nous a concocté un scénario qui ressemble à s’y méprendre au dernier produit de série de Liam Neeson (« Le Vétéran », inédit en France) voire même pire au dernier Rambo que Stallone nous a livré il y a deux ans. Et si ceux-là partaient également du même postulat, en l’occurrence aller retrouver un enfant au Mexique en traversant la frontière, ce n’est pas en mode troisième âge mais quatrième ici vu que notre acteur réalisateur a dépassé les 90 ans! Et que tout cela n’a plus vraiment de bon sens ni de crédibilité. Il n’y a donc pas de séquence violente ni de fusillade vengeresse ici mais plutôt un petit road-movie initiatique anodin et neurasthénique. Si, il y a trois ans, l’auteur nous avait conquis en se remettant en scène (et en selle) devant la caméra avec le très beau « La Mule », rien de semblable avec cette cuvée 2021. Pourtant, on retrouve un homme au crépuscule de sa vie se mettant en danger avec pour mission de traverser la frontière mexicaine, même si les motivations sont autres ici. Mais ni l’émotion, ni le suspense et encore moins le côté nostalgique ne fonctionnent et il est clair que ce petit film très oubliable ne restera pas dans les annales cinématographiques, ni même celles de Clint Eastwood, réalisateur comme acteur. De plus, les scènes d’une candeur ridicule s’enchaînent (le flirt avec la veuve mexicaine, les leçons de vie, le coq, ...) et le jeune acteur choisi par le cinéaste n’est guère très charismatique.
Clairement, pas grand-chose ne va dans ce « Cry Macho ». Le scénario semble aussi vide qu’une coquille d’huitre avalée. Il ne se passe quasiment rien dans ce film autre que de micro péripéties qui ne divertiraient même pas le moins exigeant des spectateurs. Durant cette traversée américano-mexicaine on a droit à une panne, un vol de voiture et un homme de main pas très réaliste aux trousses d’un vieil homme et du gamin qu’il ramène. Rien de bien palpitant et ce n’est pas la mise en scène pachydermique et fainéante qui va rendre tout cela plus excitant. Si Eastwood n’avait pas écrit ce script, personne ne l’aurait financé. Et s’il ne l’avait pas mis en scène en se mettant en scène, il y a également peu de chances que « Cry Macho » ait fini ailleurs qu’en streaming ou en direct-to-vidéo. Il y a certes quelques rares beaux plans sur les routes du Mexique et deux ou trois bonnes répliques plus ou moins drôles mais il faut avouer que tout cela frôle le néant. Reste, illustre et increvable, la silhouette presque mythique et légendaire de cet artiste qui fait partie de l’imaginaire collectif du septième art. Plus vraiment crédible dans un rôle comme celui-là, il n’empêche que son aura, son charisme et son magnétisme, tout comme cet acharnement à ne pas quitter les plateaux à son âge, font qu’on ne peut refuser un voyage de cette trempe avec lui, aussi insignifiant et raté soit-il.
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