Cry Macho n'est malheureusement pas l'un des meilleurs films de son auteur, il souffre de beaucoup trop de problèmes d'écriture pour ça.
En fait tout le début est assez poussif et assez peu crédible. La scène d'ouverture est bizarre, je ne comprends pas trop ce qu'elle apporte, on y voit Eastwood se faire virer car il est un moins bon dresseur de chevaux qu'il ne le fut par le passé, on apprend qu'il a eu des problèmes de boisson suite à une vilaine chute à cheval, mais rien de bien fou qui n'est pas évoqué (ou n'aurait pas pu l'être) à un autre moment. Surtout les répliques normalement cinglantes d'Eastwood tombent à plat (et à plusieurs reprises dans le film).
Ou alors il aurait fallu mieux relier ça avec la scène suivante qui a lieu après une ellipse d'une année... J'ai l'impression que ça arrive comme un cheveux sur la soupe, que tout ça manque de liant...
Mais le pire c'est les rebondissements forcés de l'intrigue. Eastwood doit donc chercher le fils de son employeur au Mexique, pour ça il doit le convaincre de venir avec lui et il suffit qu'il parle de chevaux pour que ça y est, le fils est hyper chaud pour rejoindre son père. Clairement je trouve que ça fonctionne difficilement. Je vois bien l'idée, axer sur le mythe américain qui fait frémir tout le monde de 7 à 77 ans (voire beaucoup plus visiblement), mais c'est trop rapide, trop facile... et peut-être pas très bien joué... (le gamin en fait souvent des caisses j'ai l'impression)
Et en fait le film devient meilleur une fois qu'on a expédié la structure narrative habituelle de ce genre de film : Eastwood qui ne veut d'abord pas du gosse, qui finit par s'y attacher... pour finalement se concentrer sur leur vie dans un petit village mexicain. Parce qu'en fait c'est la bonne partie du film, Eastwood et le gosse s'entendent bien, ils dressent des chevaux, ils se font des amis... Il n'y avait pas besoin de plus. Je ne comprends pas pourquoi enrober ça dans une histoire banale au possible, parfois assez ridicule tant ça fait série Z (la mère qui drague Eastwood alors qu'il est quasi centenaire... faut m'expliquer le projet). Sans parler du fait que la mère ait un homme de main, un seul, c'est tout. C'est un peu limite.
Tu veux faire un film où tu joues encore un peu les durs, le tout en dressant des chevaux dans des paysages magnifiques... ben fait ça... mais juste ça... ça ne sert à rien de tartiner avec une intrigue dont finalement on se fout. Filme ton vieux qui part chercher un gosse, il le trouve, ils tombent en panne, ils s'attardent dans un village pour réparer... ils rentrent... fin. Éventuellement tu casses la gueule à un ou deux voleurs de voiture sur la route, mais t'as pas besoin de plus.
En fait la déception est d'autant plus grande que ce n'est pas dit que Eastwood repasse devant la caméra (même derrière ?), que le sujet était parfait et que ses précédents films étaient vraiment bons (notamment Richard Jewell qui est pour moi l'un de ses tout meilleurs films).
Il aurait dû oser être plus contemplatif, ou bien plus fou... (les faire rentrer à cheval aux États-Unis, que sais-je ?...) Là c'est mignon, pas déplaisant, mais trop sage...
Alors certes rien que voir Eastwood croire qu'à 90 ans il peut encore foutre des poings c'est émouvant, mais tous ces problèmes nuisent réellement à l'émotion, alors que sur le papier c'est un beau film mélancolique, ça ne fonctionne pas totalement... trop pris dans ses déboires scénaristiques.
Bon, j'ai pas passé un mauvais moment... mais je voulais mieux...