Crying Fist
7.2
Crying Fist

Film de Ryoo Seung-Wan (2005)

Franchement, j'ai failli arrêté ce film au bout de vingt minutes, tant je ne le sentais pas trop ce début avec ses shiba et ses petites claques dans la face, bref le petit drame misérabiliste à la coréenne dans toute sa splendeur dans lequel j'ai déjà bien donné à mes dépends Breathless powa). Mais j'ai eu bien fait de persévérer car une fois ces composantes installées, un autre film s'est révélé à mes yeux, la boxe y prenant progressivement une plus grande place, avec donc deux outsiders auxquels la vie n'a pas laissé de cadeaux et qui feront tout pour se (re)trouver une place par le prisme de ce sport fédérateur, l'un dans la rue (excellent Min-sik Choi), l'autre derrière les barreaux (Ryoo Seung-bum, très bon aussi). Ce qui m'a également surpris, c'est de voir à quel point le mec derrière la caméra s'éloigne ici de ses films habituels que je qualifierais de relativement impersonnels et apathiques, alors que là, avec Crying Fist (très bon titre international d'ailleurs), il tape au contraire en plein dans la fibre sensible.


Alors certes, ce film n'est pas dénué de défauts. Je trouve quand même que ces deux écorchés de la vie, dans la manière dont ils sont traités en parallèle, bien que ce soit efficace, surtout selon un crescendo final rempli d'intensité et d'émotion, auraient mérité d'un petit surplus de différence (leur parcours est très différent, mais la dynamique familiale et identitaire est pratiquement la même). Et encore une fois, la barque est par moments bien chargée en sentiments et en pathos, au point que ça pourrait en écoeurer certains. Mais au fond, le réalisateur réussit assez bien à en sublimer la formule, justement en ne se contentant pas, comme dans Rocky, d'exploiter la misère exhibée, mais au contraire en élevant ses personnages. Alors ce n'est pas toujours finaud, mais déjà c'est appréciable de voir certains seconds rôles dépasser leur fonction (comme le gardien de prison passant de brute éducatrice à une sorte d'ange-gardien), au service donc de ce sous-texte insistant sur la reconquête de soi virant au parcours du combattant dans un mélange de sueur, de larmes, et de sang.


Une quête capturée de manière aussi bien intimiste que viscérale, notamment à travers des entraînements qui ne manquent pas d'intensité brute, et les séquences avec la famille, souvent éprouvantes (par exemple, on ne sait pas pour qui on a le plus mal lorsque l'ex-boxeur se livre à coeur ouvert devant la classe de son petit). Et les combats sont aussi très bons en ce sens, tout filmés à l'épaule et en rythme avec les boxeurs, souvent en plan-séquence, ce qui donne un rendu très réaliste, du coup difficile de deviner qui va l'emporter sur l'autre malgré un dénouement final assez attendu. Bref, un beau film de boxe, et surtout un joli drame intimiste poignant et porteur d'espoir, malgré/grâce à un cadre qui n'évite pas certaines exagérations.

Arnaud_Mercadie
7
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le 29 mai 2017

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Dun

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