Les larmes écarlates du potier assassin.
Comme l'avait fait un certain Luc Besson au tout début des années 80 avec "Le dernier combat", le frenchy Christophe Gans tentait, au milieu des années 90, de renouveler un peu un cinéma européen légèrement endormi, de prouver que l'on pouvait, nous aussi, faire aussi bien que les asiatiques sur leur propre terrain.
Pour son premier long-métrage en solo, Christophe Gans adapte le manga de Kazuo Koike et Ryoichi Ikegami et se fait visiblement plaisir, balançant à l'écran tout ce qui lui plait, débutant ainsi une carrière basée avant tout sur l'envie et le partage, un cinéma bien plus généreux que réellement réfléchit.
Si l'on perd malheureusement beaucoup de l'érotisme sulfureux de l'oeuvre originale, Gans en conserve heureusement tout le romantisme, à travers l'éveil à la sexualité d'une jeune femme incarnée par la ravissante Julie Condra (j'avais oublié à quel point cette femme est belle) et de son amour naissant pour un tueur à gages campé par un Marc Dacascos athlétique et d'une beauté folle, compensant un jeu limité par un charisme à toute épreuve.
Digérant parfaitement ses influences et évitant soigneusement l'indigestion qui flinguera en partie son "Pacte des loups", Christophe Gans fait preuve d'une maîtrise évidente de la mise en scène et du montage, offrant des séquences d'action magnifiquement chorégraphiées, presque dignes d'un John Woo de la grande époque.
Bien que daté et souffrant d'un scénario bancal et d'une interprétation inégale, voir peu convaincante, "Crying Freeman" est un premier film qui transpire l'amour du genre et du cinéma, l'oeuvre bancale mais sincère d'un fan ayant eu envie de se faire plaisir. On ne pourra pas lui en vouloir.