Mes visionnages de Cube sont de plus en plus difficile, et pourtant, je peine à bouder ce plaisir. Cube est un film-apéritif agréable, qui fait le travail et qui pourrait même être un peu plus que ça si, paradoxalement, on oublie qu'il essaie de faire un peu plus que ça. Pour le dire autrement, Cube serait excellent si il se contentait d'être un simple divertissement morbide.
Alors en effet, le concept fonctionne, et chaque entrée dans une pièce nous laisse présager le pire, et procure ce petit intérêt morbide qui nous fait apprécier le film. Malheureusement, bien souvent les personnages se mettent en pause dans une pièce sûre et parlent. Et là, on se rend compte que les pièces sûres sont les plus piégées pour le pauvre spectateur qui ne demande qu'à s'en sortir assiste alors à l'horreur : des dialogues ridicules qui auraient pu être écrit dans les heures les plus sombres de Shyamalan, des enjeux dont on se moque complètement et une direction d'acteur aux fraises un mois de décembre ! Les personnages passent leur temps à se détester puis à s'admirer, le concept de "relation social" est un véritable témoignage d'art abstrait, et il y aurait largement de quoi suffoquer si le film n'avait pas quelques qualités finalement sympathiques qui le sortent de ses défauts.
L'avantage des personnages mal écrits, c'est qu'on ne sait jamais ce qu'ils vont faire, comment ils vont réagir. Et dans un film où le suspense est aussi présent, le défaut se changerait presque en qualité. On peut aussi saluer la réalisation qui, malgré la pauvreté des possibilités, s'essaie à de nombreux exercices, parfois mauvais, parfois bons, mais qui a ainsi le mérite de ne pas ennuyer.
Enfin, peut-être est-ce dû aux faiblesses du film, peut-être pas : le parcours des personnages est pour le moins étonnant. Le héros devient le méchant, le douteux devient le bon, le personnage antipathique sera le plus empathique, le film brouille les codes, remue les cartes, certes maladroitement, mais réussit son tour.
Je crois que j'aurai bien des raisons de flinguer ce film, mais je ne peux m'empêcher de fermer les yeux sur certaines qualités, sur ses petites ambitions qui parviennent sans trop en faire à se dégager. Cube est donc un apéritif plutôt sympa, où on tombe sur du bon, sur du mauvais, mais tant qu'on se souvient du saumon frais, on est prêt à pardonner le ponch fade.