« Cube zéro » approfondit une des pistes d’interprétation du premier épisode. Au passage, très bonne idée d’Ernie Barbarash, scénariste et réalisateur, qui évite l’écueil de la copie carbone (toute référence à « Cube 2 » serait purement fortuite).
Dans cet opus, donc, deux ronds de cuir sont aux commandes du Cube, labyrinthe truffé de pièges et arpenté par des « prisonniers politiques ». Ces deux larrons cultivent une relation étrange, qui constitue pour moi, la colonne vertébrale du film. L’un conteste l’ordre, l’autre y obéit aveuglément. Et leur rapport « amitié-haine »,source constante de tensions, conduit rapidement le spectateur à prendre parti. Que ferait-on à leur place ? En contrepartie, ces brillantes caractérisations oblitèrent littéralement les autres personnages, clichés ambulants et facilement oubliables. D'ailleurs,
en se concentrant sur cette parodie kafkaïenne, subtile et finement ciselée, l’œuvre aurait probablement changé de dimension et clairement évité les oubliettes du 7ème art. Hélas, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, puisque la suite du film s’enfonce dans la médiocrité. Elle tente maladroitement un grand écart malencontreux pour se rapprocher du premier opus. Et finesse et humour laissent alors place au drame lourdingue, concours de pathos indigeste. Inutile de dire que le charme s’en trouve instantanément rompu.
Formellement, « Cube zéro » se révèle un bijou visuel. Grâce à une image léchée, enrichie par un éclairage parfaitement maîtrisé, il nous change des standards actuels. Il vise plus haut et ensorcelle par son audace esthétique, festival de couleurs chatoyantes et mériterait, rien que pour ça, un peu plus de reconnaissance.
C’est un film que je revois régulièrement avec un plaisir volontiers coupable. Il exerce sur moi un pouvoir d’attraction indéfinissable et qui continue de me fasciner sans que je sache vraiment pourquoi.