La série B animale, c’est un genre que j’aime et que je défend. Quoi de plus basique et ludique qu’un bon film de créature, où Dame Nature en met plein la gueule de l’homme ? Et ici, il s’agit en plus d’une adaptation de Stephen King, avec Cujo, l’antithèse de Beethoven.
Bon, Cujo n’a pas vraiment inventé la poudre au niveau suspense. Cujo est une sorte de huis clos qui met un peu de temps à s’amorcer (le temps de filmer l’évolution de la maladie et les premières victimes du chien enragé), mais qui est limpide une fois amorcé (il est résumable en un plan grue assez bien pensé, immédiatement identifiable dès qu’on voit le film. Toutefois, si le dressage du Saint Bernard est largement à la hauteur (il se déchaîne sur la voiture avec une belle énergie) et que sa mise en image est plutôt efficace (pour accentuer la menace, le chien est souvent cadré pour remplir l’image), le film peine à retrouver la fraîcheur de King dans la narration et dans les portraits des personnages. Si les propriétaires du chiens sont des rednecks plutôt bien dépeints, la famille proprette au centre du récit est d’une banalité assez énervante, le quotidien de la parfaite petite famille ne nous étant pas épargné. La tentative d'introduire un galant amoureux de la dame ne fait que rallonger l'histoire, permettant au réalisateur de rajouter quelques minutes alors qu'on aurait très bien pu s'en passer... On retrouve le thème du monstre dans le placard, figure chère à Stephen King (son ça jouait sur cette peur de l’inconnu), sa ville favorite Castle Rock… Mais si les éléments du roman sont là, ils semblent un peu datés, et en tout cas filmé par une réalisation un peu molle qui peine à impliquer. Si le spectateur connaît le livre, il pourra apprécier certains détails du film (très fidèle, seule la fin fait un très léger écart avec le bouquin, histoire de faire durer le suspense jusqu’à la dernière minute). Mais sinon, Cujo passe pour une moyenne série B avec un chien plutôt impressionnant, mais des acteurs moyens (le gosse joue maaaal ! Impossible de ne pas sourire quand il tente de simuler une crise d’épilepsie) et une VF à chier (le doubleur du môme s’en donne à cœur joie et nous braille littéralement dans les oreilles). Reste toutefois une louable tentative, pas vraiment réussie, mais honnête, et probablement avec le chien le plus réussi dans un film de genre (on est loin des dobermanns naveteux de Resident Evil ou du Rottweiler crétin de Brian Yuzna).