Le loup-garou fait un doigt d'honneur quand on l'accuse d'avoir "un gros c*l vergeturé", c'est bon, on est mordu. Cursed est un film de Wes Craven qui s'attaque au mythe du loup-garou, avec ses gros sabots (les gros plans sur la statue de Lon Chaney Jr. dans le musée des films... On s'en serait passé) mais avec une franche envie de divertir le jeune public (clairement celui qu'il cible), un rythme très contenu, beaucoup de bonnes idées (le palais des glaces, le chien-garou, la scène du parking...), et une tacle très sévère sur les mecs toxiques du showbiz qui abusent de leur statut avec les actrices (on ne sait même pas comment Harvey Weinstein, pourtant producteur du film, n'a pas vu que l'entièreté du film le dépeint directement... Une critique que Wes Craven avait déjà amorcé plus timidement dans Scream 3, mais ici il dénonce frontalement, aussi on appréciera l'acidité des piques qu'il lui adresse sans que l'autre ne s'en rende compte, un constat stupéfiant du déni du Monsieur Producteur). L'ouverture avec le groupe Bowling for soup annonce l'âge du public-cible (on l'écoutait en boucle dans nos années collège - et encore un peu aujourd'hui, allez, soyons franc), idem le cadre du lycée avec ses étudiants caricaturaux (mention quand même au traitement parfait - alors que le film date des années 2000 - d'un personnage gay, sans que cela ne soit jamais un motif de blague ou de dédain de la part du réalisateur), et avec des vannes pas très malignes (ce qui nous a en réalité bien amusé, comme le demi-corps qui continue de bouger). Bon, vous avez compris : c'est un film d'horreur pour les ados (ce qui n'est pas du tout un gros mot, pour tout cinéphile qui a grandi avec ce type de films), qui adore ses grands classiques (le loup-garou de Lon Chaney pour l'aspect romantique torturé, Le Loup-garou de Londres pour le design du costume, pas franchement Teen Wolf, même s'il le cite au détour d'un dialogue un peu opportuniste...), avec un super binôme de frère et sœur (on les aime en une seconde) interprété par Jesse Eisenberg et Christina Ricci. Cursed n'est pas le navet sur lequel on nous avait mis en garde, on y a passé un bon moment, fait à base de costume de monstre à l'ancienne (qui ne bouge pas beaucoup, mais qui ne tâche pas les yeux comme le numérique), d'un binôme attachant, d'une intrigue qui mêle fantastique, humour, critique et tolérance, avec une BO "collège" plutôt cool, avec un seul vrai regret : celui qu'on ne voit jamais notre duo se transformer, pour une bataille finale qui aurait été épique. On l'a attendue, cette guerre poilue, mais ce ne fut pas la fin de Cursed, beaucoup plus sage et moins impressionnante. C'est vraiment dommage, car jusque-là on s'amusait bien. Et n'oubliez pas : toujours tirer une autre fois dans la tête du monstre (on entend dans notre tête le : "Attention, c'est toujours à ce moment-là que le méchant qu'on croyait mort revient à la vie pour un dernier frisson."... Oui, Wes, on a la réf, Scream est notre doudou). Cursed est une honnête production "made in Craven", au final moins fun que prévu, avec trop de clins-d’œils aux autres films, mais qui fait passer un bon moment, et c'est tout ce qu'on lui demande. Bowling for soup, un monstre qui fait un doigt d'honneur quand on parle vergetures, des tomates invisibles jetées sur l'ego de Weinstein...on est mordu.