Daryl,gamin retrouvé errant dans la nature,est confié à une famille d'adoption,les Richardson.Ce sont des gens adorables mais décontenancés par la personnalité parfaite de cet enfant qui s'exprime dans un langage châtié et se révèle vite être un surdoué dans tous les domaines,capable en deux minutes de résoudre des équations mathématiques de haut niveau,de devenir un maestro du piano ou un as de la batte au base-ball,et même de piloter un avion.Mais les parents biologiques du garçon se manifestent et viennent le récupérer,sauf qu'il y a anguille sous roche.Petit classique des années 80,grande période du fantastique américain,ce film fait partie de la cohorte d'oeuvres SF ayant des mômes pour personnages principaux.C'est produit par la Paramount et réalisé par Simon Wincer,cinéaste australien dont les débuts dans son pays furent prometteurs mais dont la carrière hollywoodienne se révéla assez médiocre.D'ailleurs "D.A.R.Y.L." ressemble un peu à son très bon "Harlequin",sorti en Australie en 80,dont le protagoniste vedette était aussi doté de pouvoirs surnaturels.Mais ce premier film américain de Wincer s'apparente surtout au "A.I." de Spielberg dans son traitement de l'adoption confrontée à l'intelligence artificielle."Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?" se demandait Philip K. Dick,et on pourrait se poser la même question à propos de Daryl,cet enfant pas comme les autres.La première moitié du film est délicieuse et se consacre à l'acclimatation du gosse dans un environnement de banlieue ricaine modèle où tout le monde se connait et où tous les gens sont sympas et vivent tranquillement entre boulot,barbecues,apéros et matches de base-ball.Daryl devient vite la coqueluche du coin,sauf pour Joyce,sa gentille mère adoptive,qui l'adore mais peine à accepter cet ado trop parfait.L'impayable Turtle,voisin et meilleur copain de Daryl,expliquera à son pote que les adultes ont besoin de se sentir utiles et supérieurs aux enfants,et qu'ils dépriment s'ils ont le sentiment de ne rien pouvoir leur apprendre.Du coup Daryl,adaptable à souhait,feindra d'avoir des lacunes,ce qui rendra Joyce jouasse.La deuxième partie en revanche se perdra quelque peu au fil d'évènements invraisemblables et de scènes d'action bien filmées mais sans grande originalité qui aboutiront à un happy-end pas crédible.Toutefois l'ensemble se laisse voir agréablement et a le mérite de poser de manière visionnaire le sujet de l'intelligence artificielle et de son corollaire le transhumanisme.Qu'est-ce qu'un humain au juste?Peut-on séparer corps et cerveau?Jusqu'où peut-on aller dans les tripatouillages techno-génétiques?Une machine peut-elle éprouver des sentiments si elle est suffisamment bien programmée?Voilà une batterie de questions plus effrayantes que stimulantes à vrai dire,mais qui seront sans doute cruciales dans un futur plus proche qu'on ne le pense.Le casting est composé d'acteurs de second choix mais excellents,à l'exception de la mijaurée Mary Beth Hurt qui minaude stupidement et grimace débilement.Daryl,c'est Barret Oliver,acteur enfant très hot à l'époque qui était en vedette de "L'histoire sans fin" l'année précédente.Sa confondante inexpressivité correspond finalement bien au rôle mais ne permettra pas à sa carrière de survivre aux années 80.Sinon il y a de bons comédiens de complément comme Michael McKean,Steve Ryan,Colleen Camp et Josef Sommer.Le jeune Danny Corkill,juste et drôle, crève l'écran mais on ne le reverra pourtant pas,pas plus qu'Amy Linker,la jolie fille qui joue sa soeur.