Les portes de la perception
"C'est une sotte présomption, d'aller dédaignant et condamnant pour faux ce qui ne nous ne semble pas vraisemblable." Cette phrase de Montaigne, qui ouvre le film, en décrit parfaitement le propos. Et personnellement, je la trouve très chouette, cette citation.
Car je sais pas vous, mais moi, les états modifiés de conscience, je trouve ça fascinant. Parce que je ne crois en rien de précis, mais je pense que l'esprit humain a besoin de transcendance (c'est sûr, ce besoin est moins marqué chez les spectateurs de TF1 et autres supporters marseillais, qui s'interrogent sur leur propre psyché à peu près autant qu'un canard bourré, mais je parlais d'esprit, donc eux ne comptent pas.) Bref, tout ça pour dire que ce documentaire partait déjà gagnant avec moi.
Et je n'ai pas été déçu. La forme est classique mais efficace : les interviews de scientifiques et d'artistes sont globalement toutes bonnes et complémentaires. En parallèle, on suit le parcours en territoire shaman du narrateur-réalisateur, dont j'ai grandement apprécié l'humilité : Jan Kounen partage son expérience sans jamais se mettre en avant, c'est vraiment appréciable.
Alors oui, ce documentaire n'entre pas dans la catégorie de ceux qui te livrent des faits bruts et t'invitent à te faire ton propre jugement, ta propre analyse : si "D'autres mondes" n'apporte pas de réponses, il prend néanmoins parti. C'est un plaidoyer, l’œuvre partiale d'un homme transformé par son expérience mystique. Une invitation à l'ouverture d'esprit, acceptée avec plaisir.