Je ne suis pas un grand fan de comédies musicales. Je plaide coupable, j’ai une petite carence de culture à ce niveau-là. Rien de personnel en soit, c’est simplement un genre qui ne m’a jamais vraiment passionné. Certes, j’avais largement adoré la proposition de Damien Chazelle avec son La La Land et je sais apprécier un bon Disney chanté, mais ce serait mentir de dire que je suis en pro en la matière.
Alors en allant voir In The Heights de John M.Chu, j’étais sceptique pour deux raisons. La première, la plus démesurée je l’entends, était qu’une part de moi s’attendait à une sorte d’épisode de Riverdale raté. La seconde, tout de même plus rationnelle, était le fait que des amis cinéphiles et cinéphages m’aient vendu le film comme un possible chef-d’œuvre.
Il faut dire que leur attente se comprend. L’histoire, les personnages et les chansons ont été créés par Lin-Manuel Miranda, le créateur de la pièce Hamilton qui revisite la construction des États-Unis de façon moderne et progressiste, immense succès à Broadway. Ce nom ne vous dit rien ? LMM est aussi le compositeur de Vaïana et le prochain réalisateur/compositeur de Tick, Tick... Boom qui sortira cette année pour le compte de Netflix.
In The Heights est une comédie musicale honnête qui possède une volonté honorable de vouloir faire divertir de façon intelligente en transmettant de belles valeurs. Unité, espoir, bienveillance sont les maîtres mots du long-métrage.
On sent durant le visionnage que tout le casting est impliqué et que les acteurs s’amusent. Anthony Ramos arrive à être le parfait protagoniste, et tous les seconds rôles qui gravitent autour de lui apportent une véritable fraîcheur au film.
Tout l’univers est crédible et bien adapté à l’écran par John M.Chu qui trouve très souvent de nombreuses idées de mise en scène lors des scènes chantées. Un peu moins lorsque la musique ne retentit pas, mais passons.
Tout le bien que je pense d’In The Heights est finalement condensé dans sa parfaite scène d’introduction. En seulement 8 minutes, tous les enjeux sont posés, les personnages les plus importants sont présentés avec beaucoup de malice et d’humour bienvenu. Le rythme de cette séquence ne laisse aucun seconde de répit grâce à une utilisation du montage plus qu’intelligente. La chanson quant à elle... impossible pour moi de m’en lasser, je l’écoute en boucle depuis que je l’ai vu en salle.
Mais selon moi, In The Heights n’arrivera par la suite que très peu de fois à ré-atteindre ce niveau de maîtrise, qu’on entr’apercevra lors de la séquence du Carnaval del Barrio. Je trouve que l’OST du film perd de sa superbe à partir de la deuxième moitié du film. Peut-être que je suis dur, mais la durée du film est quand même de 2h20. Et en 2h20, on sent que le film n’est pas allé au bout de toutes ses idées, ce qui est une faiblesse.
Ne comptez pas vous faire surprendre par le scénario, classique avec des ficelles assez identifiable. On notera aussi que certains dialogues sonnent faux ou sont carrément ridicules (« Just wanna listen to my block »)
Noyé dans sa production catastrophique d’environ 10 ans, il n’est pas trop difficile d’imaginer que le scénario a dû beaucoup évolué. Aussi, adapter une pièce de 3h au cinéma est une mission risquée. Sauf si vous vous appelez Avengers : Endgame, garder des spectateurs 3h se révèle être une mission impossible.
En revanche, il y’a une énergie folle qui se dégage de l’œuvre, et ce serait bien dommage de ne retenir que les faux pas tant les intentions des créateurs sont nobles. Cette énergie est à l’image de la chanson Piragua (et de sa reprise), interprétée par notre cher Miranda justement, aussi amusante qu’inventive. Chanson qui d’ailleurs est comme une sorte de private joke noyé dans de l’absurde. Le ton décalé (et assumé !) de cette séquence aurait selon moi gagner à être plus présent durant tout le film.
In fine, on sort de la salle avec des étoiles dans les yeux bordée d’une grosse impression de frustration.
Maintenant, j’avoue que je suis très curieux de voir ce que le travail de Lin-Manuel Miranda a à offrir au monde du cinéma. Parce qu’In The Heights, malgré ses imperfections, reste un moment très agréable et sincère. Et pour une réouverture des salles, soyons francs : ça fait du bien.