Les récents films de super héros me donnaient presque raison de me méfier de la conclusion de la saga des Gardiens de la Galaxie. Il n’y a qu’à voir l’overdose de contenu que nous propose le MCU de Kevin Feige sur Disney+ ou les films post-Avengers allant du assez bon mais oubliable (Doctor Strange 2, Shang-Chi) au carrément atroce (Black Widow, Ant-Man 3).
Pourtant, que j’ai eu tort de douter. Pourquoi ? D’abord parce qu’il faut reconnaître que le travail de James Gunn a toujours été de très bonne facture lorsqu’il s’occupe de superproductions hollywoodiennes. Si les 2 premiers volets des Gardiens de la Galaxie étaient de très bons films qui se démarquaient largement de la masse informe qu’est le MCU, le réalisateur américain avait plus que confirmé ses talents de metteur en scène en passant chez le rival de Marvel, DC Comics.
En effet, The Suicide Squad (2021) était - certes un flop indubitable au box office - la preuve que laisser de la liberté à un metteur en scène comme James Gunn lui permet de faire une proposition originale, débordante d’idées et qui ne lésine pas sur la qualité de la réalisation. On peut allier grand spectacle et qualité de mise en scène, indubitablement.
Et dans Les Gardiens Vol. 3, James Gunn n’a plus rien à perdre vu qu’il s’agit de son dernier projet avec la firme de Stan Lee. Et ça se voit, tant ce dernier volet est généreux. On pense à ce combat en plan-séquence où chacune des capacités des personnages est mise à l’honneur pour leur permettre de venir à bout d’une horde d’ennemi, ou alors à cette scène d’introduction qui nous présente l’univers du film avec Creep de Radiohead en fond. Est-ce que c’est révolutionnaire pour le cinéma ? Certes non, mais c’est tellement efficace et rafraîchissant pour un film du genre ! Le film bénéficie alors d’une vraie identité qui le différencie de ses pairs.
Mais la plus grande force du film et sans équivoque l’attention (et la bienveillance) qu’il accorde à ses personnages. Tous plus attachants les uns que les autres, drôles, touchants et surtout… crédible.
Et que seraient ces personnages sans l’implication de leurs acteurs ? Chris Pratt, qui est régulièrement critiqué (à tort selon moi) pour son jeu trop simple, donne ses tripes pour incarner un Peter Quill désespéré. Le petit nouveau Will Poulter s’en sort très bien en Adam Warlock (Midsommar, Black Mirror) mais selon moi, c’est Dave Bautista et Pom Klementieff qui s’en sortent le mieux, tant leur prestation rend honneur à la douceur de leurs personnages. Si je peux reconnaître que certains acteurs peuvent cabotiner par moment comme Chukwudi Iwuji ou Stallone, ce serait mentir de dire que ça m’a sorti du film. Tout le casting croit en l’histoire qu’il raconte.
Parce que Les Gardiens vol. 3 tente de raconter plus qu’un énième conte super-héroïque. En ce sens, la backstory tant attendue de Rocket Racoon est brillante, et vous arrachera quelques larmes si vous n’avez pas un cœur de pierre. Plus que de donner de l’épaisseur à l’un des personnages les plus appréciés de l’univers Marvel, James Gunn aborde la cruauté du traitement des animaux cobayes en humanisant l’histoire des créatures sans défenses qui ne peuvent pas la raconter.
Je n’ai d’ailleurs pas souvenir d’un film Marvel qui aborde des thèmes aussi durs en n’hésitant pas à montrer la violence (surtout émotionnelle, mais quand même)
tout en jouant en permanence un jeu d’équilibriste par la balance entre comédie et drame. L’humour chez Marvel n’est d’ailleurs jamais aussi fort que quand il est totalement assumé, sans tomber dans le meta inutile ou les blagues qui détonnent drastiquement avec l’histoire principale (Les Éternels en tête)
Bref, quel bonheur. 2h30 qu’on ne voit absolument pas passé, je ne peux que vous recommander d’aller vous faire votre propre avis même si vous n’êtes pas un grand fan des films tamponnés Marvel ou DC. Espérons seulement qu’Hollywood arrive (enfin) à renouer avec le grand film de divertissement et d’aventure à l’avenir comme James Gunn a réussi à le faire avec sa saga.