Lives matter
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le 16 juin 2020
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Cinquante ans après la guerre du Vietnam, un groupe de quatre vétérans afro-américains retourne dans cette jungle mortelle. Leur but officiel ? rapatrier le corps de Norman, leur ancien frère d'arme, enterré par eux même dans la jungle du Vietnam. En réalité, les quatre camarades avaient découvert un coffre remplit de lingots d’or et l’avait secrètement enterré auprès du corps de Norman. Mais cette chasse aux trésors aux faux airs de Buddy movie s’avère plus difficile que prévus pour ces sexagénaires noyés par les traumatismes de la guerre.
Plus que des récits de fiction, les films de Spike Lee sont d’emblés puissants et chargés de messages. Dès l’introduction de 5 Bloods, des images d’archives donnent le ton. Un interview de Muhamed Ali sur ses frères envoyé à la guerre, des images de manifestations pour la paix en parallèles aux images des victimes aux Vietnam, implantent très explicitement le contexte social des USA de 1975.
Da 5 Bloods veut montrer une perspective nouvelle, dans un Viet Nam actuel, toujours hanté par les démons de la guerre. Un point de vue rarement dépeint des Vietnamiens, d’autant plus par des anciens GI Afro-Americains.
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Nos protagonistes sont le fruit d’une Amérique d’après-guerre, toujours traumatisée et enfermée dans cette violence inhumaine perpétré. Un retour à la vraie vie n’a jamais été possible pour eux, surtout dans une Amérique déjà hostile et discriminante pour les afro-américains. Une vision perçue principalement par Paul (Delroy Lindo), en tant que pro-Trump engagé, virulent mais non moins intéressant à analyser. Son fils, David (Jonathan Majors) ne partage pas son extrémisme. Au contraire, sa vision vierge, presque trop naïve, à défendre des valeurs plus progressistes, le place en antagoniste de son père. Entre eux deux, Otis (Clarke Peters) s’évertue à réconcilier la bande, en faisant toujours appel au souvenir de Norman.
Une réaffirmation du Black Power par l’entremise du fantôme de Norman, aux allures de Martin Luther King en tenue de GI et ses discours énergisants, Ces scènes de discours de Black Lives Matter semblent résonnées en écho à notre contexte présent. Les images d’archives vieillis ressemblent tristement à nos captures de manifestations actuels. Une piqure de rappel alors essentiel pour tous, mais peut être de trop pour un public déjà fidèle et partisans des idées de Spike Lee.
Comme on l’avait précédemment remarqué dans Blackkklansman (2018), Spike Lee s’amuse à pasticher des films des années 70 jusque dans la réalisation. Que ce soit par la bande son ou les plans de camera, le film oscille sans cesse et de manière presque risible dans l’imitation d’Apocalypse Now. La musique culte du film de Coppola s’insère dans l'exposition de la jungle du viet-nam. Les scènes de combats face à l’ennemi sont ponctuées d’une musique patriotique étouffante. Au final, ces scènes d’imitations grossières perturbent plus qu’elles ne divertissent.
Initialement prévu en Hors Compétition au Festival de Cannes 2020, Da 5 Bloods est un film qui assume totalement son mélange de genre: du film de guerre sanglant et patriotique au docu fiction moraliste, en passant par le black buddy movie, drôle et sympathique. Mais malgré les qualités cinématographiques d’un film qui aurait été acclamé sur la croisette, le public de Netflix risque de moins apprécier sa longueur non négligeable de 2h35min pour une sortie en SVOD. Il faudra seulement compter sur le mouvement de BLM pour assurer une visibilité et un retour plus critique du film.
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Créée
le 27 juil. 2020
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