Un film à l'humour lancinant, au concept simpliste, mais assez agréable à suivre. À peu près comme tous les films de Quentin Dupieux. Un réalisateur qui fait à la fois un peu toujours la même chose, mais qui pourtant se démarque à chacun de ses films. Un réalisateur que j'adore, et dont je trouve chacun de ses nouveaux films tout juste sympathique. C'est son septième film d'affilée que je vais voir au cinéma, et c'est le seul réalisateur que j'y ai vu plus de trois fois. Il est tout simplement hors-concours, et il est probablement le réalisateur le plus original et le plus prolifique dans la comédie française, en sortant insolemment deux films tous les ans, et il semble parti pour ne gagner qu'en popularité avec ses succès récents.
Ici le concept est de jouer sur l'imbrication scénaristique, en s'auto-référençant, et c'est assez drôle à suivre en soi, en reprenant l'univers des œuvres de Dalí, mais surtout Dalí lui-même. Problème, je connais assez peu le bonhomme, et certaines choses ont dû m'échapper. Le film est assez étonnant dans sa démarche, de par le fait qu'il crache complètement à la gueule de l'artiste, en renvoyant une image d'égocentrique, d'arrogant, voire de dégueulasse et de sombre merde. Et pourtant, on éprouve une certaine fascination pour son personnage, un peu comme "Yannick", tiens donc, son précédent personnage de son précédent film (peut-être pour ça la réf à Yannick Noah ?). Le fait de faire jouer Dalí par plusieurs acteurs est assez bien utilisé, et même si je trouvais l'accent un peu exagéré, voire volontairement mal joué au début, notamment avec Baer, finalement c'est plutôt bien maîtrisé, et même Cohen m'a presque surpris dans son rôle, en jouant quelque chose de très différent de ce qu'il a fait auparavant. On n'oublie pas Demoustier, qui s'impose avec aisance dans ce rôle de journaliste ayant le syndrome de l'imposteur.
Même si on peut y déceler quelques thématiques plus engagées, comme cet enfoiré de producteur qui s'attaque à cette pauvre boulangère, le film ne fait au final pas vraiment sens, et même ce jeu d'imbrication semble être totalement gratuit, car ne semblant pas vraiment correspondre à une mise en abyme cohérente. Cela rappelle tout de même "Réalité", son dernier "vrai film", où on y retrouve une vraie structure imbitable et gratuite. Mais finalement, cela le desservirait presque, puisque c'est justement un peu gratuit (pourtant ça ne l'est pas, parce que complètement justifié par la gratuité).
On retrouve Thomas Bangalter, qu'on avait pas mal vu chez Gaspar Noé, mais c'est ici sa première bande originale depuis la séparation des Daft Punk (et la première chez Dupieux tout simplement), qui nous compose un thème musical assez envoûtant, qui ne m'a pas spécialement marqué sur le coup, mais qui est très agréable à réécouter.
Bref, un film sporadiquement drôle, avec un Dupieux qui se joue toujours de nous, avec un certaine maîtrise formelle de ses plans, mais avec toujours une certaine gestion du rythme assez lancinante, où il crée systématiquement une attente sur nos attentes. C'est toujours la même chose, mais ça n'a absolument rien à voir avec ses anciens films. D'ailleurs, je trouve le rythme moins maitrisé que celui de "Yannick", son précédent, qui fonctionnait mieux, probablement grâce à la simplicité du contexte, qui serait presque un couteau à double tranchant dans "Dalí avec 6 A", où le rythme en devient confus, pourtant cette imbrication est le principal intérêt de cette mouture.
J'adore Dupieux, mais il m'énerve, je voudrais adorer systématiquement ses films, mais je suis constamment freiné par ce petit quelque chose, ce rythme bancal, cette répétitivité, qui pourrait se targuer d'être du comique de répétition, mais ce serait trop facile. Il est certain que j'ai apprécié le film, comme toute sa filmographie d'ailleurs, mais il est certain que j'aurais voulu plus l'aimer. Comme tous ses films. C'est assez simpliste et facile, et néanmoins assez sophistiqué.
Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
(Vu le 12 février 2024 au cinéma)