Bouillie d'HPL

Voilà un exemple typique de mauvaise adaptation de l'oeuvre de Lovecraft : donner à voir de l'horreur tapageuse plutôt que de suggérer les terreurs indicibles du Culte.

C'est dommage, car il y a pourtant quelques bons ingrédients de départ: des cultistes aux gueules patibulaires, quelques créatures (des profonds, notamment) pas trop mal fichues, l'idée de la ville damnée pour avoir renoué avec des rites trop anciens, quelques scènes oniriques intéressantes, une atmosphère suintante et dégoulinante qui aurait pu être lovecraftienne, si...

... si tout cela est noyé par un zhéros agaçant au bon sens visiblement entravé par ses lunettes de pseudo-geek, un scénario cousu de fil blanc (qui mélange Dagon et le Cauchemar d'Innsmouth), des développements de personnages (Barbara sert-elle à autre chose qu'à montrer ses seins ?) et d'intrigues sacrifiés sur l'autel du manque d'inspiration du scénariste...

Il manque un je-ne-sais-quoi pour que ce film ait juste le niveau du nanar qu'on regarde avec indulgence : peut-être est-ce le mélange impossible de "attendez je vais vous expliquer la cosmogonie lovecraftienne dans toute son horreur indicible, mais je voudrais bien aussi vous envoyer un peu d'horreur gratuite au visage" qui ne prend pas. Ou le rythme trop mou, puis saccadé, puis à nouveau trop mou.

L'ensemble ne fonctionne pas - et on vient à prier que les cultistes viennent à bout de ce branque trop insupportable pour qu'on le trouve sympathique.