Premier rôle du diamant brut qu'est Noomi Rapace où la jeune actrice se met à nu face aux affreuses réalités du temps qui passe, ces réalités immédiates et nécessiteuses qui dévorent les rêves les plus beaux, Daisy Diamond porte l'ironie dans ce titre éclatant sur
un métrage glauque, long, où le malaise accompagne trop longtemps la narration
pour savoir s'échapper de ce qui se raconte là : rien ne brille ici, tout se flétrit jusqu'à l'inévitable orchestration macabre qui clôt définitivement l'ennui.
Anna rêve de devenir actrice et enchaîne les castings à Copenhague. Mais la petite Daisy, quatre mois, qu'elle traîne partout avec elle, lui ferme irrémédiablement toutes les portes qu'elle parvient à entrouvrir. Jusqu'à ce qu'enfin Anna craque, fasse taire l'enfant. Un temps. Si les opportunités se dévoilent doucement,
la descente aux enfers n'en est que plus perverse,
plus douloureuse encore. La vie s'acharne sur la folle fragilité de cette brindille de femme qui ne cesse de se dessécher, qui tente de se racornir. Qui finit par se noyer.
Le scénario et l’appesantissement de la mise en scène sont d'une lourdeur balourde qui, si elle manque de finesse, parvient à distiller un certain malaise. Pour autant, c'est plus l'envie de couper le métrage que l'urgence de comprendre qui domine. Le drame est déroulé sans échappatoire,
jouant de voyeurisme dérangeant et de constantes mises en abîme
entre les rôles auxquels Anna postule et sa propre existence. Rien ne vient épanouir la narration, pas une once de poésie, pas un soupçon de rêve, et le résultat ressemble au final à une triste et misérable compilation d'échecs, d'erreurs et de solitude maladroitement revendiquée.
Le casting fonctionne bien. Noomi Rapace fournit une excellente prestation. Je n'ai regardé ce film que pour elle. Je n'attendais pas à la découvrir nue toute entière, malgré l'aspect voyeur j'en suis ravi. Je m'attendais à être séduit par ses débuts à l'écran, je le suis malgré le pavé de lourdeur cinématographique : elle donne ce qu'elle a à donner dans
un rôle charnel et vorace,
y laisse des poils, tout en ayant su ne pas s'y brûler les ailes. Transes hystériques, dépérissement léthargique, honneur rentré, fragilité, la comédienne trouve là un rôle assurément complexe où distiller son art du silence et des regards. Parfaite (ment insupportable).
Sous des allures de féminisme et de film d'auteur, Daisy Diamond reste un terne brouillon de film rétrograde qui s'écroule sous le poids de références qu'il ne sait moderniser. Un drame lourd, longtemps indigeste au long d'une introduction qui ne demande qu'à en finir avant de développer difficilement son propos et de passer à côté des pistes vives qui auraient pu enrichir d'émotions la lente descente aux enfers de son personnage principal,
objet de torture plus que de compassion sous l'inexorable flétrissement de la vie.