Il y a quelque chose d'assez étrange qui se dégage du film, ou du moins un aspect contradictoire qui est d'ailleurs à la base, selon moi, de tout le sel du film.
Pour bien y arriver, résumons en deux trois lignes l'histoire. On suit donc Ron Woodroof (campé par un Matthew McConaughey impérial), buveur, drogué et baiseur (la totale) qui va contracter le VIH. On va donc suivre son parcours, notamment pour se soigner, puis la création du club, qui est une sorte de pharmacie pour tous et qui procure tous les médicaments non approuvés par l'ordre pharmaceutique américain.
Je compare, d'une manière très grossière, le scénario du film au spitch de départ de Breaking Bad, dans le sens où ce sont deux personnes condamnées par la maladie et qui vont "en profiter" pour s'enrichir. Après, ça n'a juste rien à voir, surtout sur le traitement des personnages. La où Walter White se transforme en véritable Scarface, Ron suit le chemin inverse. Baiseur, drogué, homophobe et arnaqueur, il a tout du sale type, du gros con comme dirait la demoiselle avec qui j'ai vu le film.
Mais c'est justement là où se trouve la force du film. C'est bien l'évolution des personnages, le rapport qu'ils ont entre eux. Les dialogues sont excellents, à la fois incisif, drôle mais pince-sans-rire. les interactions entre les personnages sont excellentes, notamment entre Ron et Rayon (Jared Leto excellent en travesti). Point important , Ron est homophobe et vit dans un univers homophobe très fort, il n'y a qu'à voir les réactions quand sa maladie est révélée.
Rayon est le personnage qui le fera évoluer, accepter la différence sexuelle des autres. Encore une fois, je renvoie à la scène du supermarché, excellente et parfait exemple de l'évolution du personnage.
Après je n'irais pas plus loin pour ne pas spoiler mais cette relation est vraiment le point fort du film, à la fois drôle et touchante. A l'image même du film en fait.
Je parle vite fait du personnage de Jennifer Garner, qui est surtout là pour critiquer le système de santé des hôpitaux. Car le film, en plus de véhiculer un très joli message de tolérance et d'acceptation QUI FAIT PUTAIN DE BIEN EN SES TEMPS DE M*RDE (petite parenthèse, vous m'en excuserez), critique assez fort les hôpitaux et le système de distribution des médicaments, de la mise en vente de ceux-ci et du soin des malades.
On a vraiment un sentiment très fort pendant le film que les hôpitaux n'en ont juste rien à battre de malades. Le mec meurt et on ne lui donne pas ses médocs, ou du moins aucun qui améliore son état. C'est nuancé avec le personnage de Rayon, surtout sur la fin (no spoil) mais la critique est tout de même assez violente.
Mais une chose qui me frappe là, maintenant, tout de suite, c'est que le film ne tombe pas dans l'écueil facile du syndrome "s’apitoyer sur soi-même" dans lequel allé ,par exemple, Les brasiers de la Colère. ET ça, bordel, c'est génial. Le film a de l'humour, assez pince-sans-rire, c'est pas la grosse esclaffe non plus mais il n'est pas lourd ou pas chiant, reste juste et humain. Il y a certes quelques longueurs mais ça ne gâche pas le film. C'était ma plus grande peur vis-à-vis du film et je trouve qui évite cette partie d'une manière assez habile. Il n'est pas là pour nous faire tirer une larme et ça c'est chouette.
Et pour finir, je trouve que Matthew McConaughey, quand il est coiffé et en costume, ressemble énormément à Ron Burgundy. C'est assez fou.