Premier long-métrage aux USA du québécois Jean-Marc Vallée, remarqué en 2006 pour son superbe "C.R.A.Z.Y", "Dallas Buyers Club" trouve son origine dans le parcours authentique de Ron Woodroof, champion de rodéo séropositif qui mènera une guerre acharnée contre le lobbying des laboratoires pharmaceutiques, et tout particulièrement la Food and Drug Administration.
Récompensé dans de nombreux festivals, "Dallas Buyers Club" va bien plus loin que le simple biopic, que le simple mélodrame larmoyant. Le cinéaste ne cherche pas ici à nous apitoyer, à faire de ses personnages des martyrs ou les portes-parole de quoi que ce soit. Son anti-héros n'est pas un ange et n'a pas vocation à l'être. Woodroof est décrit comme un irresponsable, un queutard, un capitaliste roulant avant tout pour lui-même.
Dans la peau de cet être antipathique mais dont on ne peut à aucun moment se permettre de juger les actes, Matthew McConaughey est tout simplement incroyable, habité par son rôle physiquement comme émotionnellement, composant un superbe duo avec son partenaire Jared Leto, impressionnant et tout bonnement émouvant. C'est peu dire que ces deux-là ont amplement mérité toutes les louanges.
Portrait amer et désenchanté de l'Amérique reaganienne et de ses figures les plus mythiques, "Dallas Buyers Club" ne sombre jamais dans le pathos, offrant au contraire des images magnifiques et de beaux moments d'émotion, tout en dégommant au passage l'administration et le système de santé américain, ainsi que la pression des grands groupes pharmaceutiques, dont la seule motivation semble être le profit.
Aussi solaire que poignant, aussi rageur que contemplatif, le nouvel essai de Jean-Marc Vallée est à voir absolument, ne serais-ce que pour la sincérité de son approche et pour la qualité indéniable de l'interprétation.