Un film bouleversant sur l'inceste et la reconstruction

Premier long-métrage pour la réalisatrice Emmanuelle Nicot, relatant l'histoire de la jeune Dalva, victime d'une relation incestueuse avec son père et qui va devoir se reconstruire. Avec la jeune actrice Zelda Samson pour son premier rôle, est-ce un premier essai pour l'actrice et la réalisatrice ou une erreur de débutante ?

"Dalva" est un premier film poignant ! Traitant d'un sujet lourd, la réalisatrice arrive à en saisir un passage lumineux, malgré la dureté des événements. Subtil, touchant et très bien interprété par la jeune Zelda, et le reste du cast principal.

Visuellement, le film réussi à prendre le sujet avec distance et délicatesse. Bien que le métrage puisse avoir un léger sentiment de déjà vu, quand on a pu voir d'autres films avec des thématiques similaires, notamment sur les scènes du foyer, on se très vite compte que ces petits instants ne sont comparé à la subtilité qui se dégage de la mise en scène !

Car la caméra s'attelle à poser toute la complexité et la cruauté de la situation de Dalva, jeune fille privée d'enfance, de tout repère... De par sa scène d'introduction, tout s'enchaîne et nous plonge dans le tourbillon que vit la jeune fille, en passant par plusieurs étapes, mais le métrage s'attardera surtout sur deux points importants : l'emprise familiale et la reconstruction !

Et c'est assez rare de voir l'impact de l'emprise familiale filmé avec autant de force, notamment sur la subtilité de ses mécanismes, qui sont filmés aux détours de scènes simples, et pourtant d'une grande force évocatrice. Jusqu'à la lueur d'espoir qui pointe au bout du métrage.

Car la caméra prend la même distance nécessaire que le récit. Poursuivant le parcours de la jeune Dalva qui va devoir se reconstruire après une relation incestueuse avec son père qui l'avait enlevé. Du déni au face-à-face et un début de retour à une vie normale, le scénario va nous emporter dans un récit intime et pourtant ayant une portée universelle. Avec une retenue qui évite au film l'asphyxie, il en ressort avant tout un drame intense, digne, brut, qui nous bouleverse rapidement !

Et au détour d'ellipses narratives, nous suivons cette jeune adolescente, qui se voit retirer le seul qu'elle a connu, au départ une enfant rebelle. Elle, qui n'a jamais connu le monde extérieur, n'a jamais eu de rêves, ni de droits. Va s'assagir, reprendre contact avec une réalité plus douce qu'elle le pensait, notamment grâce à son éducateur, et une jeune adolescente protectrice, Samia. Et c'est grâce à cet esprit de sororité, que la jeune Dalva va trouver ce tremplin vers une nouvelle vie, donnant au métrage ces notes lumineuses nécessaires.

Et c'est sans compter sur la jeune Zelda Samson, qui porte à l'écran cette adolescente qui doit se reconstruire. Une prestation déchirante, honnête qui nous permet une immersion immédiate !

En conclusion, "Dalva" est un premier film réussi, d'une finesse indéniable sur l'inceste. Le métrage nous montre ce parcours vers une reconstruction lente, avec retenue et émotions. D'une durée volontairement ramassée, le métrage se concentre sur l'essentiel, pour ne garder que la moelle de ce récit aussi douloureux que lumineux.