Diabolik est une bande dessinée très populaire dans l'Italie des années 1960 où un bandit en combinaison de latex, où on ne voit que ses yeux, accompagné de sa maitresse, vole de l'or et de l'argent sous les yeux de la police qui ne l'attrape jamais. On pense bien sûr à Arsène Lupin, ou ce qui donnera plus tard Lupin III au Japon.
Il n'en fallait pas moins à DIno de Laurentiis pour produire la version cinématographique, et qu'il en confie les commandes à un réalisateur aussi visuel que Mario Bava. Honnêtement, j'avais tellement entendu de mal sur ce film, qui serait un nanar, que je m'attendais au pire et ô surprise, c'est vraiment distrayant, car j'ai vu un Arsène Lupin à l'italienne.
Le casting est lui aussi surprenant, avec un Américain, une Autrichienne, un Anglais, des Italiens... et même un Français en la personne de Michel Piccoli, qui joue l'inspecteur qui n'arrive jamais à déjouer les plans de Diabolik. On a donc John Philipp Law, la très belle Marisa Mell, Terry Thomas (qu'on avait vu dans La grande vadrouille), l'action semble se dérouler aux Etats-Unis, mais en fait, c'est un tournage à l'italienne, où tout le monde a été post-synchronisé, et c'est réalisé en Italie pour un budget de misère.
C'est un peu la même chose que pour La planète des vampires, où Mario Bava se sert formidablement des contraintes. On voit bien que certains décors semblent factices, qu'il y a beaucoup de projections pour suggérer que les personnes conduisent, ou une nuit américaine.
Mais il y a un véritable talent visuel, qui mériterait tellement une belle copie HD, qui rappelle bien entendu Barbarella (avec également John Philipp Law), où les couleurs sont pétantes, et où le design est typique de son époque, avec des décors souvent grandioses.
Il y a aussi la très bonne musique d'Ennio Morriconne qui fait elle très 1960's, période Swinging London, et on se plait à suivre le taciturne Diabolik, accompagné d'Eva Kant, dont la nudité est toujours caché soit par des billets de banque ou des décorations tombant à pic.
Ça fait un film réjouissant en diable, bourré d'inventions (le gaz hilarant après avoir pris une photo avec un flash), et sans aucune prétention. Dommage qu'il n'y ait jamais de suite, mais l'influence du film reste encore forte des années plus tard, au point d'avoir été présent dans un clip des Beastie Boys. Le bon gout, en somme.