Quel bonheur d'avoir à nouveau 10 ans grâce à un film qui en a bientôt 50 !
Co-prod franco-italienne (mais majoritairement tournée en anglais si l'on en juge par la synchro entre les acteurs et la piste anglophone), le film de Mario Bava met en scène Diabolik, personnage masqué qui en fait voir de toutes les couleurs à la police locale (ainsi qu'au chef op' et au directeur artistique, visiblement sur la même longueur d'onde !). Un gentleman cambrioleur ? Négatif, un voleur qui dérobe impunément sans redistribuer aux pauvres, qui n'hésite pas à flinguer ceux qui lui barrent la route et qui n'a d'yeux que pour sa sculpturale complice. Un peu comme si James Bond fusionnait avec le Dr No pour établir ses quartiers dans une caverne high tech encore plus délirante.
Un vrai méchant charismatique et amoral, pourtant personnage principal de ce délice sixties. Du cinéma de quartier comme on n'en fait plus pour un film dont l'innocence désarmante contredit agréablement la vilenie de Diabolik. Car le long-métrage n'a d'autre objectif que celui du divertissement pur, du plaisir immédiat, enfantin, d'assister aux aventures trépidantes d'un anti-héros qui ne roule que pour sa bosse. Face à lui, un Michel Piccoli très en forme dans la peau d'un flic aussi malchanceux et déterminé que le commissaire Juve des Fantomas. Entre les deux, un autre méchant nettement moins svelte, gangster dérisoire dont les traits et le physique forment un étonnant sosie de Jean-Pierre Raffarin.
Alerte, gentiment frimeur, porté par le score incroyablement jouissif d'Ennio Morricone, Danger : Diabolik tire son pouvoir d'attraction de sa légèreté constante. Une friandise pulp qui se savoure sans arrière-pensée. Son héritier actuel ? C'est aux USA qu'il faut aller le chercher, dans les tréfonds du box-office : sorti en 2008, le génial Speed Racer des Wachowski en retrouvait la stylisation pimpante, recréant ainsi cette alchimie merveilleusement suicidaire qui élève le kitsch au rang d'art majeur. Malgré la surenchère numérique et la frénésie de ce Wipeout-live, l'oeuvre regorge de "cases" dont le dynamisme esthétique fait honneur au film de Mario Bava. Deux films qui m'ont chacun rendu un peu du gosse cinéphage que j'étais. Que du bonheur, j'vous dis !