Je ne connais pas du tout la première période de Jonathan Demme, celle qui semble avoir essentiellement été émaillées de comédies dites dramatiques. Rien de surprenant quand on observe sa fin de carrière avec les deux beaux films que constituent Rachel se marie et Ricki & the Flash. Plus surprenant quand on se souvient que Demme est celui qui se cache derrière Philadelphia ou Le silence des agneaux.
Tout ça pour dire que Something wild ne ressemble pas vraiment à ses deux plus gros succès. C’est une chouette comédie en deux parties. Sorte de road movie débridé d’abord, dans lequel Lulu (Mélanie Griffith, à peine sortie de Body double) une mystérieuse femme libre et sexy « enlève » dans un snack Charles (Jeff Daniels, tout juste la trentaine) un banquier marié, coincé, dans une équipée sans limites, aux rebondissements à la pelle et aux dialogues pêchus.
Ou presque. Puisque le film, comme Lulu qui devient Audrey, alors de retour dans la ville de son enfance, se métamorphose complètement. Charles a pris goût à cette nouvelle vie mais la jeune femme semble attirer par quelque chose de nettement moins excentrique. Et tous deux feront éclater de gros secrets. Qu’on en apprenne constamment de nouvelles sur les personnages est la bonne idée du film, lui conférant une écriture riche et lui préservant son tempo soutenu.
C’est notamment dès qu’apparaît Ray Liotta (qui campe l’ex de Lulu/Audrey) que le film effectue un virage vers le thriller. Pas ce qu’il fait de mieux même s’il faut lui reconnaître deux atouts : Une aisance dans la gestion de son suspense (Qu’il confirmera quelques années plus tard dans son film multi oscarisé) et Ray Liotta, assurément cinglé et flippant, dans chacune de ses apparitions où on ne sait jamais s’il va exploser de rire ou péter une durite.
L’espace d’un instant j’ai pu voir comme un lien entre ce film-ci (Qu’on considère comme son premier relatif succès) et son dernier : Dans la manière que Demme a de filmer le groupe scénique – On sait qu’il est l’auteur d’un docu sur une performance live des Talking Heads. La scène pivot contient une longue séquence dansante dans laquelle il filme magnifiquement le groupe en prestation, comme il le faisait si bien dans son film avec Meryl Streep.