Ça commence plutôt mal, et on se dit qu'on va encore avoir droit à une resucée d'Octopussy ou, pire (est-ce possible ?), de Moonraker : Bond est au Pôle nord et récupère quelque chose sur un corps enfoui sous la neige. Rattrapé par les Soviétiques, il s'enfuit et la poursuite commence. Coups de feu, mitraille, etc. jusqu'à ce que 007 s'improvise un snowboard et... "California Girls" des Beach Boys commence à passer dans la bande son ! Mouais... Le vieux beau retrouve alors une blonde de service dans un faux iceberg et s'échappent. Mais comment vont-ils bien pouvoir s'occuper durant les cinq heures de traversée à venir ? ...hmm, on se le demande. Plus caricatural, tu meurs !
Générique. Et là, ça devient intéressant. Coup de batterie et tube de Duran Duran. Ça fonctionne très bien, d'autant plus que cette fois-ci, Maurice Binder est inspiré pour les images qui vont avec le son. Ça faisait longtemps.
L'intrigue commence et on entre dans l'histoire sans peine, attiré par les personnages. Il faut dire que la distribution est bien faite : Christopher Walken est accompagné d'une clique assez intrigante en tête de laquelle on trouve l'impressionnante Grace Jones, ainsi que Patrick Bauchau et Alison Doodey (future Pr. Schneider dans Indiana Jones et la dernière croisade aux côtés de... Sean Connery). Et on aperçoit aussi Dolph Lungren dans les figurants. Dans le camp des gentils, on a le plaisir de retrouver Patrick Macnee et de voir ainsi se côtoyer à l'écran John Steed et James Bond. Seule Tanya Roberts est fade en Stacey Sutton.
Le scénario est bien construit, et les péripéties bien amenées. On regrettera juste quelques passages vraiment dispensables, notamment celui de l'incendie et de la poursuite qui s'ensuit. C'est long et pénible. Ils auraient aussi pu varier parfois dans le choix des situations difficiles (Bond qui attrape Stacey par la main dans la cage d'ascenseur, Bond qui attrape Stacey par la main dans le puits de mine, Bond qui attrape Stacey par la main au sommet du Golden Gate Bridge). On regrettera surtout le massacre gratuit dans la mine. Zorin est certes un psychopathe, mais là, c'est franchement inutile. C'est juste fait pour se mettre au niveau des autres films d'action de l'époque. C'est vulgaire. Autrement, on apprécie les petits clins d’œil plus finauds que d'habitude (Moneypenny qui hurle comme Eliza Doolittle à Ascott dans My Fair Lady ou Grace Jones qui dit à un moment "I'm sure I've seen him somewhere before" qui fait allusion à son "Libertango" de 1981).
Au bout du compte, Dangereusement vôtre est une bonne surprise qui fait oublier la médiocrité d'Octopussy et permet à Roger Moore (et Loïs Maxwell) de raccrocher définitivement le smoking de James Bond à 58 ans (il était temps), après sept épisodes en dents de scie, sur une note positive.