Parenthèse autobiographique pour ouvrir la critique de ce quatorzième volet des aventures de James Bond 007: je ne saurais l'évaluer avec objectivité et le noterai donc durement au regard de mes propres critères. Dangereusement vôtre est le premier James Bond que j'ai vu, par désir de retrouver Patrick Macnee, celui qui m'a fait découvrir Roger Moore, Christopher Walken, Alison Doody et Tanya Roberts. Quel qu'il soit, avouons-le, on aime toujours son premier James Bond. Or donc, tout critiqué qu'il soit, tout partagé qu'il puisse être, il reste un de mes James Bond préférés parce qu'il est mon premier James Bond.
Je ferme cette parenthèse initiale avec cette liste participative à laquelle je vous convie: http://www.senscritique.com/liste/Premiers_James_Bond/1441712 .
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Dernier Bond pour Moore, Roger Moore !
Et pour célébrer la chose, une excellente synthèse des Bond, de l'ère Moore, des espions, des super-héros entre la Tour Eiffel et le Golden Gates Bridge, peuplée d'un casting enchanteur. Une synthèse étoilée, digne porte de sortie pour Roger Moore. Une synthèse qui souffre plus des contingences et de choix parfois étranges, qui partagent.
Une synthèse de tous les Bond
Dangereusement vôtre opère un intéressant palimpseste des précédents volets de la saga James Bond.
Le plus évident est Goldfinger dont il cherche à se faire la réécriture moderne. Le méchant Blond, Max Zorin, présente son Opération le filon - sorte de nouvelle Opération Grand Chelem- dans un contexte humain, matériel et gadgetifié semblable à celui de l'exposé de Goldfinger. Il introduit cependant son discours en décrivant la quête alchimique de la transmutation du plomb en or comme la version précédente et dépassée de la fabrication du micro-processeur à partir du sable. Il se veut donc un Goldfinger moderne qui cherche à doubler la valeur de ses micro-processeurs en détruisant le lieu qui en produit plus que lui: silicon valley. Exit l'or et le Fort Knox par conséquent. Mais l'idée reste la même, se mariant assez bien avec celle de domination d'un marché avancée par Kananga dans Vivre et laisser mourir. Ce complot est noté et résumé par Bond sur un papier de la même façon que celui de Goldfinger.
Ajoutons que comme son modèle, Max Zorin possède des haras dont il fait plus cas que son prédécesseur. Il entretient un lien moins ambigu avec l'Est que Goldfinger et se distingue par un style plus bondien. A l'instar du Bond de Sean Connery avec Pussy Galore, Zorin se livre à un combat avec sa "femme de main", la plaque au sol et l'embrasse de force.
Christopher Walken, qui interprète Max Zorin, campe un genre de Goldfinger jeune et svelte. Mais ça ne s'arrête pas là. L'histoire intime de son personnage en fait presque une créature de Frankenstein aux allures de Dorian Gray, ce qui permet à Walken, connu pour des rôles de monstres (Sleepy Hollow) ou de gangsters (King of New York), d'allier les deux et de donner dans une démence et un sadisme jouissifs à l'exemple de la scène où il prend plaisir à chasser ses ouvriers au . Car Zorin serait un bébé éprouvette, génétiquement modifié par Hans Glaub dit le Dr Carl Mortner, personnage qui s'inspire du terrifiant Dr Mengele des camps de concentration et joué assez finement par l'acteur britannique Willoughby Gray (Howards way). Cette étiologie donne au Christopher Walken dérangé de Voyage au bout de l'enfer l'occasion de jouer le premier vrai névropathe de la saga EON, un personnage psychotique à souhait qui pense comme un ordinateur: "l'intuitif qui improvise dans l'action: forcément génial !". L'acteur apporte toute une palette subtile de mimiques et de ricanements qui rendent son personnage de méchant incontournable.
Un méchant qui a contraint la production à faire précéder la célèbre séquence initiale de gunbarrel d'un avertissement quant à la non identité entre le méchant de l'histoire et une personne réelle: Zoran Ladicorbic. Ce dernier, styliste américain de famille yougoslave, ne voulant pas que l'on le confonde avec le personnage psychopathe réussi de Maximilien Zorin. Crainte des plus ridicule puisque Zora**n est son prénom, **Zorin le nom du méchant, puisque nul n'a jamais confondu Willard White avec Howard Hugues ou Pam Bouvier dite Miss Kennedy avec Jacqueline Bouvier épouse Kennedy pour citer d'autres exemples de la saga, qui se distingue de celui-ci par la volonté du rapprochement patronymique ou biographique. D'autant que Maximilien Zorin est censé être un industriel français, ce qui le diffère du célèbre designer par la profession et l'origine. Ce qui permet aussi à Christopher Walken de crier son amour à la France comme il a pu le faire dans Le Grand pardon 2 face à Roger Hanin et Attrape-moi si tu peux aux côtés de Nathalie Baye.
Autre grande référence bondienne abordée dans Dangereusement vôtre: Bons Baisers de Russie !
En effet, dès l'ouverture pré-générique, Bond est poursuivi par un hélicoptère et contraint le pilote à s'écraser en lui envoyant une bombe fumigène dans le cockpit, allusion à la scène où Bond tire sur le co-pilote du SPECTRE qui lâche sa grenade dans le cockpit.
Puis, dans une scène coupée du film, Bond, arrêté et ressortant d'un poste de police, récupère ses effets personnels parmi lesquels la montre de Red Grant dans Bons Baisers de Russie. Il commente en connivence avec le spectateur: "From Russia. With love."
Une scène qui cumule d'ailleurs plusieurs références et se fait l'intriguant lien entre Octopussy et le futur Permis de tuer. Le policier lui rend le stylo du volet précédent avec lequel Bond doit signer son autorisation de sortie. Signature qui flambe après son départ, ce qui - une fois n'est pas coutume - n'est pas sans rappeler le Fantômas du Hunebelle. Fantômas très convoqué dans une partie du film comme on le verra plus loin. Avec son stylo, Bond récupère un briquet dont la flamme se dégage violemment, curieuse prolepse du briquet, instrument de la vengeance de 007, qui lui est offert par Félix Leiter et sa femme Della deux volets plus tard dans Permis de tuer.
D'autres multiples et indénombrables référence à la franchise EON sont disséminés dans l'ensemble du film: le chat de Stacy nommé Pussy rappelle autant le pilote de Goldfinger que l'animal fétiche de Blofeld, la belle agent Ivanovna rappelle autant Tatiana Romanova que l'agent XXX, par exemple. Sir Tibett met un système en passe en appuyant malgré lui sur le bouton "on" avec son postérieur, ce qui n'est pas sans rappeler la scène du même type avec Mary Goodnight dans L'Homme au pistolet d'or.
Une synthèse de l'ère Moore
Dangereusement vôtre tient aussi à célébrer la carrière de son interprète avant son grand départ.
En effet, Roger Moore revient pour son septième et dernier volet EON, un record inégalé dans la saga. Et pour cette der des der, Moore s'applique à réinventer encore son interprétation du célèbre espion en proposant une synthèse de trois de ses rôles célèbres en James Bond de type inédit, différent de ses deux premiers volets et du bloc des quatre suivants. Il prend l'air faussement innocent de Simon Templar lorsqu'il défonce les barrières de sécurité d'un pont mobile, joue les Brett St-Clair lorsque Bond infiltre les ventes de chevaux de Zorin en se faisant passer pour un aristo oisif à la recherche d'un cheval afin de remplir une écurie que lui aurait laissé "une tante un peu fofolle" et prend l'air plus justicier et vindicatif de son Sherlock Holmes pour composer le reste de son personnage. Plus convaincant que jamais dans cette synthèse de rôle, il perd beaucoup en crédibilité par son grand âge qui le marque au front, au coin des yeux et à la gorge et le ferait presque passer pour un beau parleur made in Dallas. C'est d'ailleurs l'un des points faibles du film, cette hésitation entre modernité fin eighties et suranné tombant en décrépitude: Bond pénètre le bureau de M comme il pénétrerait un hospice de retraités avant de rejoindre les années 80, troquant le costard pour la veste de cuir brune. La porcelaine, les dentelles, les extraits de Vivaldi et Tchaïkovski tentent de se marier aux micro-processeurs, à Duran Duran et aux Beach Boys durant tout le film. A l'instar du zepplin de Zorin à la fois très années 50 et très moderne, électrisé et dissimulé dans un hangar plus petit que lui. Moore, s'il paraît plus vieux, y gagne un charme et une classe inédite dans sa période.
Plusieurs personnages viennent faire hommage à ses performances officieuse et officielles dans le rôle de 007.
Evidemment, la première est celle que désignent les affiches du film dans leur slogan: "Has 007 finally met his match?". Je veux parler de May Day, le personnage de Grace Jones. La chanteuse d'une reprise anglophone de La Vie en rose d'Edith Piaf, principalement connue au cinéma pour sa prestation dans Conan le Destructeur, deuxième volet de la saga Conan, est une femme de poigne, d'une force quasi-surhumaine, de grande taille, qui fait de son personnage un équivalent féminin de Gobinda dans Octopussy et surtout de Requin, le géant aux dents d'acier du diptyque vernien L'Espion qui m'aimait-Moonraker. May Day soulève des hommes de bonne taille au-dessus de sa tête, soulève des charges que Bond est incapable de soulever et entre en scène digne d'Alexandre le grand en apaisant un cheval en furie. Elle perd beaucoup par son côté garçon manqué qui permet à Grace Jones de suggérer l'orientation sexuelle bisexuelle à préférence féminine que son intérêt pour Jenny, une autre femme du bataillon de Zorin fait pourtant bien mieux transparaître. Elle perd aussi dans la mauvaise relation entre Roger Moore et Grace Jones. Mais elle gagne à faire entrer un personnage féminin dans la lignée des seconds couteaux surhumains initiée par Odjobb dans Goldfinger et bien illustrée par Requin. Noire de peau, elle boucle de façon admirable la boucle Moore initiée par Vivre et laisser mourir, volet comptant le plus d'individus noirs, s'inscrivant dans le courant de la blaxploitation.
De façon assez similaire, Chuck Lee, l'agent de la CIA qui vient prêter assistance à Bond à San Francisco est un américain d'origine chinoise. Il est d'ailleurs joué par David Yip, acteur britannique spécialisé dans les rôles asiatiques depuis celui de John Ho qui l'a rendu célèbre dans la série The Chinese detective. Le choix de ce personnage peut être perçu comme une volonté de lier le dernier volet de Roger Moore à son second, L'Homme au pistolet d'or où il était assisté d'un personnage asiatique au patronyme proche de celui de l'interprète de Chuck Lee, Hip, joué par Soon-Tek Oh.
Déjà présente dans ce dernier James Bond et dans Octopussy, Maud Adams(Rollerball) fait également son retour, sa troisième apparition. Il s'agit certes d'un caméo furtif et très discret, tenant du détail, mais sa présence confirme la volonté de Dangereusement vôtre de synthétiser l'ensemble de l'ère Moore. D'autant que l'une de ses suivantes d'Octopussy, Mary Stävin (Hurlements 5) revient elle aussi en pré-générique.
Enfin, 007 se retrouve pendant un passage en concurrence avec Pola Ivanova, un agent féminin du KGB avec qui il a connu dans un passé qui ne nous est pas présenté des aventures entre amour et rivalité. Ce délicieux personnage incarné par la non moins délicieuse Fiona Fullerton, interprète célèbre d'Alice dans la version de 1972 d'Alice au pays des merveilles, en plus de rappeler Anya Amasova dans L'Espion qui m'aimait, rappelle par ses allusions à d'anciennes missions et par son physique la partenaire de Moore dans le James Bond officieux extrait du Millicent Martin's show en 1964 et intitulé James Bond en vacances. Dans ce scketch, James Bond (Roger Moore) et 006 Licence to surrender (Millicent Martin), bien qu'en vacances, se méfient l'un de l'autre, refusant de croire qu'ils sont tous les deux en vacances. Le personnage mutin et moqueur de Fiona Fullerton et James Bond entretiennent une relation semblable dans le film. Hélas, la présence de l'actrice qui joua à 16 ans le rôle d'Alice deux ans avant que Moore n'incarne 007 pour la première fois et qui joue à 29 ans la James Bond Girl de son dernier volet n'est pas sans mettre en relief l'écart d'âge entre un Bond vieillissant et des James Bond Girls bien trop jeunes pour lui.
Roger Moore bénéficie malgré tout d'un volet qui est un peu son best-of de l'ensemble de sa carrière in et hors Bond.
Un nid d'espions
Dangereusement vôtre réunit aussi un grand nombre d'espions et de para-espions autour de Roger Moore et de ses adversaires.
Le plus notable est Patrick Macnee alias John Steed, qui entre enfin dans la légende 007 après les trois Steed Girls de Chapeau melon et Bottes de cuir Honor Blackmann / Cathy Gale (Goldfinger), Joanna Lumley / La femme anglaise et Diana Rigg / Emma Peel (Au Service secret de Sa Majesté). Bien que célèbre et apprécié pour le rôle de l'espion au chapeau melon, Macnee retrouve dans ce volet Roger Moore avec qui il formait le duo Holmes-Watson dix ans plus tôt dans Sherlock Holmes à New York. Lui-même vieillissant, il balance sans arrêt entre les rôles de John Steed et de John Watson. Si Steed l'emporte, Watson devient la nature du rôle de domestique que son personnage, Sir Godfrey Tibett, homme important dans l'organigramme étatique anglais, joue pour donner le change auprès de Bond. L'occasion de retrouver le duo et de s'imaginer la rencontre tant rêvée entre John Steed et James Bond.
Bien connu pour une série d'espionnage ou para-espionnage - c'est selon - Patrick Bauchau qui incarne le chef de la sécurité balafré au service de Zorin, Scarpine, peut sembler trop discret ou peu original. Il est bien loin de son rôle de Sydney dans Le Caméléon, certes, mais les rôles sont très différents.
Découvert dans son rôle de garde du corps de Gogol - campé par un Gotell vieillissant lui aussi mais plus drôle et grinçant que jamais- Dolph Lundgren fait ses premiers pas au cinéma. Et s'il se dirigera vers le film d'action basique et le film de boxe (Rocky 4), il jouera un certains nombre d'espions comme dans les films Agent destructeur et le plus récent Ave, César ! où il joue un commandant de sous-marin soviétique.
Enfin, la belle blonde platine aux yeux clairs, Stacey Sutton, James Bond Girl majeure du film que beaucoup considèrent comme une potiche du fait de ses compétences intellectuelles qui n'ont d'égales que son incompétence et sa frivolité en situations demandant de l'aptitude physique. Ce personnage a, selon moi, été très mal jugée par la critique, traitée injustement comme la future Christmas Jones de Denise Richards. Son interprète, Tanya Roberts, qui a reçu le Razzie Award 1986 de la pire actrice à cause de ce film, est bien plus crédible dans son rôle de géologue que la vedette sexy des slashers. Mais il est vrai que son regard littéralement stupéfiant et sa grande beauté ne pallie pas l'attente déçue des fans des Drôles de Dames qui ont pu la découvrir dans le rôle de la para-espionne détective Julie Rodgers, rôle féminin moins geignant et bien plus fort.
"Le plein de super !"
Cette réplique de Roger Moore en fin de pré-générique dans le volet précédant, sur le tournage duquel il a rencontré Christopher Reeve alias Superman, semble annoncer la synthèse de super-héros dans Dangereusement vôtre.
D'un monument à l'autre
Si le deuxième volet des aventures au cinéma de Superman se ré-emparent du Sergent J.W.Pepper de Vivre et laisser mourir et de L'Homme au pistolet d'or, Dangereusement vôtre se sert généreusement dans les les deux premiers Superman.
La quatorzième aventure de James Bond voit l'espion poursuivre May Day sur la Tour Eiffel comme le fit Superman avec des terroristes cinq ans plus tôt dans Superman 2. Le célèbre monument parisien est souvent convoqué dans les films d'action et justifie sa présence dans Dangereusement vôtre par la rencontre entre James Bond et une parodie d'Hercule Poirot, Achille Aubergine joué comme en un rire par le grand Jean Rougerie (Lacombe Lucien). La présence de ce détective dépêché par Tibett sur l'affaire, son meurtre et le déguisement de May Day proche de celui du Belfégor de Juliette Gréco n'est pas sans rappeler les romans et films policiers français du début du siècle jusqu'aux années 60, comme Fantômas, par exemple.
Le rapprochement pourrait alors sembler chevalier si le Golden Gates, lui-même très convoqué au cinéma de Vertigo à X-Men l'affrontement final, et qui clôt le film, n'était pas aussi présenté dans le premier volet de Superman. Et pour cause, les deux films partagent un même complot ! Car Lex Luthor et Max Zorin projettent l'un comme l'autre de faire couler Silicon Valley de façon assez similaire, en jouant sur la faille géologique. La force du volet de James Bond est de rendre ce complot fou et mégalomaniaque bien plus plausible, entre autre grâce au magnifique exposé de Stacy Sutton qui entre dans des détails passés sous silence par l'antagoniste de Superman. De plus, le Golden gates devient le vrai décor de l'aventure car il livre au spectateur un duel final terrifiant, vertigineux, acharné, au dessus-de la baie de San Francisco. Max Zorin y traque un Bond en fâcheuse posture, hache au poing, et cherche à le faire tomber par tous les moyens, avant de faire un faux pas et chercher à se rattraper pour glisser dans un sourire dément, énigmatique. Le face à face final de Dangereusement vôtre est l'un des meilleurs, sinon le meilleur, de la saga.
Barbarella
Une autre super-héroïne apparaît en filigrane. Il s'agit de Barbarella.
D'abord, parce que le groupe qui signe le générique de Dangereusement vôtre lui rend hommage. En effet, Duran Duran tire son nom du méchant des aventures de Barbarella. Un méchant que celle-ci devait sauver et qui la capture pour la soumettre au terrifiant orgasmatron. Le groupe de chanteurs britannique décrit dans sa chanson A View to a kill, qui reprend le titre original du film, le point de vue du méchant qui choisit sa cible. Idéal pour L'Homme au pistolet d'or, il trouve sa place dans Dangereusement vôtre et en incarne la modernité là où une belle blonde digne de Barbarella en incarne le goût vintage.
Un chouya vintage
Cette belle blonde, c'est Alison Doody. Une actrice au nom aussi succulent à prononcer que ne l'est à décoder le sous-entendu de celui de son personnage, Jenny Flex. La belle blonde, également connue pour son rôle de méchante dans La Dernière croisade face à Sean Connery, rappelle à beaucoup la belle Tippi Hedren, vedette fétiche d'Hitchcock qui a joué dans Pas de printemps pour Marnie où elle donne la réplique à Sean Connery. Transporté par Alison Doody, Steven Spielberg aurait déclaré que le réalisateur des Oiseaux l'aurait certainement prise dans tous ses films. Il est donc regrettable que John Glen, qui réalise là son troisième Bond d'affilée, n'ait pas eu la bonne idée de donner plus d'importance au rôle de Jenny Flex, incarnée par une actrice plus charmante que les deux James Bond Girls majeures. D'autant qu'Alison Doody reste en 2016 la plus jeune James Bond Girl de l'histoire de la saga EON, ayant joué dans Dangereusement vôtre à l'âge de 19 ans ! Ce qui évidemment ne rajeunit pas Roger Moore.
Elle n'est pas seule à faire revenir un parfum d'années 60. La bande sonore ajoute au fond une reprise intéressante, relativement discrète du thème d'Au Service secret de Sa Majesté. Une reprise à mettre au compte des références aux anciens volets de la franchise et qui ancre définitivement Roger Moore dans la légende bondienne avec ce dernier film.
Le Bal des départs
Dangereusement vôtre signe aussi le départ de Loïs Maxwell qui opère là son dernier tour de piste, aussi fatiguée mais volontaire que son partenaire de jeu Roger Moore. Elle conserve jusqu'au bout l'humour qui fait son charme et celui de son personnage et qu'aucune autre interprète de Miss Moneypenny ne parviendra à égaler.
Les autres membres du bureau de M resteront mais se font très anecdotiques, jusqu'à Q, qui semble n'apparaître que pour tester un nouveau gadget inutile dans l'intrigue. Un tacle réussi aux détracteurs qui prétendent que l'on présente des gadgets à 007 que pour qu'il les utilise et se sorte de situations impossibles avec. Mais un tacle qui nous fait regretter les volets pas si vieux où Q prenait de l'importance dans la diégèse. Cela ne nous dispense pas d'excellentes trouvailles telles que la bague appareil-photo ou les lunettes de soleil jumelles, qui seront perfectionnées dans le volet suivant. De bons gadget mais un Q peu présent. Néanmoins un Q impeccablement campé par Desmond Llewelyn, entouré de Keen et Brown, les Gray et M typiques de l'ère Moore.
Assez surprenant, ce sont les membres du KGB qui se font plus présents. Responsables d'un Zorin qui a rompu sa laisse, ils apparaissent plus mitigés et plus ambigus que d'ordinaire, ce qui les rend moins caricaturaux et plus intéressants à suivre. La détente et ses zones grises donc même si la séduisante Pola s'écrie depuis son bain à bulles: "C'est sublime, la Détente !"
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Un bel hommage à Roger Moore pour son dernier volet.
Un bel hommage à James Bond en général.
Une réécriture de Goldfinger sauce Superman.
Un James Bond sas entre l'ère Moore et l'ère Dalton.
Un volet de l'ère Dalton avant l'arrivée de Timothy Dalton.