Katherine Heigl en tueuse en série vous-y croyez ? De prime abord il serait difficile de se laisser convaincre, et pourtant l’actrice qui a joué dans la série la plus chiante du monde, Grey’s Anatomy, ainsi qu’un nombre incalculable de rom-coms toutes plus embarrassantes les unes que les autres, est bien sur la voie du renouveau, prenant un virage à 180 degrés avec cette comédie noire pas avare en hémoglobine. Un changement très similaire à celui de Kathleen Turner avec son Serial Mother, dont Home Sweet Hell s’inspire beaucoup.
Néanmoins, le personnage d’Heigl est quelque peu différent de celui de Turner, principalement car Turner visait à protéger les siens, alors qu’Heigl cherche à protéger l’intégrité de sa famille, dont chaque point, des fiançailles jusqu’aux études des enfants sont planifiées dans un carnet de bord devenu une obsession. Obsession que son mari, incarné par Patrick Wilson, supporte bon gré mal gré, jusqu’à ce que la programmation sur calendrier de l’unique rapport sexuel mensuel ne le fasse plonger dans les bras d’une autre, qui évidemment n’était là que pour le chantage (on sent aussi un soupçon du très amusant Extract avec Jason Bateman et Kristen Wiig). La suite on la devine, Wilson se retrouve les couilles dans un étaux, et décide de tout avouer à sa femme, sans se douter que celle-ci, obsédée par sa psychose de la perfection, va tout bonnement décider de découper en morceaux tous ceux mettant en danger ses rêves.
Le succès de cet imbroglio est presque immédiat. On rit devant Patrick Wilson, lui aussi habitué à un genre qui lui colle à la peau, l’angoisse (Hard Candy, Insidious, Conjuring: Les dossiers Warren…), incarner un personnage totalement différent, maladroit et étouffé, dépassé devant une escalade de violence qu’il est absolument incapable de gérer, tandis que sa femme, bien sous tous rapports, l’embrasse en se découvrant un talent de tueuse dénuée d’états d’âme. Il ne serait d’ailleurs pas exagéré de dire que c’est l’alchimie entre les deux acteurs, tous deux à l’opposé de leur passé et jubilant dans leur contradiction, qui rend cette farce si délicieuse, ce qui n’était pas évident, tant le pitch peut donner le sentiment d’une redite de Serial Mother. Bonus, le thème musical est particulièrement agréable à l’oreille et amusant (lorsque l’on écoute les paroles) et qui plus est interprété par Katherine Heigl et Patrick Wilson eux-mêmes !
OVNI inattendu, Home Sweet Hell est un vent de fraicheur retournant la scène horrifique. Atypique, le tueur est une tueuse, et le duo d’acteurs principaux, Katherine Heigl et Patrick Wilson, deux acteurs à contre-emploi. On lui reprochera une prédictibilité évidente, mais en terme de thriller baignant dans l’humour noir d’une candeur extrême on ne lui trouvera point d’adversaire, et en plus les amateurs de gore auront le droit à quelques passages leur étant dédiés. Que demander de plus ?
Critique