Fort peu apprécié outra-Atlantique (ce que je n'ai découvert qu'après visionnage), j'avoue que moi, je n'ai trouvé ça vraiment pas si mal. Malgré quelques grosses réserves, il y a un certain plaisir à voir l' « American Way of Life » mis à mal avec pas mal d'humour noir. Alors c'est évident : il y a beaucoup de défauts. Au vu du potentiel, on peut vraiment regretter que la réalisation soit aussi fonctionnelle, le scénario souffrant de nombreux poncifs et de personnages secondaires qui, s'ils sont « nécessaires » pour faire avancer l'intrigue, n'en sont pas moins banals et sans grand intérêt. Mais c'est bien de voir aujourd'hui un film où tout le monde en prend son grade : hommes, femmes, maris, époux, fidèles, infidèles... Personne n'est épargné par un regard critique assez acerbe et fort peu porté sur la bien-pensance : en gros, les mecs sont des lâches ou des truands, les nanas des sociopathes ou
des vénales pour qui la fin justifie largement les moyens
(la seconde catégorie étant incarnée par une Jordana Brewster affolante de sensualité).
D'accord, à plusieurs reprises cela vire franchement au banal, avec beaucoup de situations vues ailleurs en bien mieux. En fait, je crois même que l'intérêt de l'entreprise doit énormément à une personne : Katherine Heigl. Souvent cantonnée dans des comédies romantiques sans grand intérêt où elle est le seul atout, elle excelle ici en « control freak » obsessionnelle, volontiers psychopathe et sadique sur les bords, d'un sang-froid assez flippant dans presque toutes les situations
(sa transformation en Dexter lors du découpage (bien sanglant) du cadavre sans montrer la moindre émotion est réjouissante)
: un formidable personnage de comédie, accentué par un physique de rêve la rendant à la fois follement inquiétante et terriblement désirable).
Et comme « Épouse et Serial Killer » a décidé d'aller jusqu'au bout de sa logique, on apprécie une fin qui,
sans être forcément la meilleure possible, fait, là encore, preuve d'une certaine méchanceté, très loin des bons sentiments redoutés...
Bref, si l'on fortement regretter qu'une telle entreprise de démolition se limite à un format téléfilm avec tout ce que cela implique dans l'écriture et la réalisation, on peut aussi savourer qu'une « petite production » ose un peu ruer dans les brocards de la sacro-sainte famille américaine avec pas mal de mauvais esprit : que voulez-vous, la critique US ne doit plus être habituée... Une bonne surprise.