A la fin des années 1960, à la suite d'un drame familial, un homme essaie de savoir la vérité sur ses parents, morts à la chaise électrique quinze ans plus tôt, car ils ont été soupçonnés d'avoir vendu des informations confidentielles à l'URSS, au temps de la fièvre anti-communiste de l'époque.
L'échec commercial du film, sorti en 1983, l'a en quelque sorte enterré depuis des décennies, il est salutaire de revoir à la surface cette histoire, tirée de faits réels mais aux noms changés. Car en plus de la quête de vérité chère à Sidney Lumet représentée par le personnage de Timothy Hutton, c'est aussi et avant tout une histoire politique vue par le prisme familial. A travers les parents joués par Mandy Patinkin (où je vois à travers lui Saul Berenson de Homeland) etLindsay Crouse, c'est une famille vue au microscope à l'ère des années 1950, et aussi à travers le personnage de la soeur, jouée à l'âge adulte par Amanda Plummer, qui va en quelque sorte reprendre le flambeau des parents en devenant elle aussi une militante très engagée. Daniel est donc joué par Timothy Hutton, excellent, qui représente aussi une page vierge car lui s'est toujours tenu à l'écart des évènements et va en quelque sorte devoir y plonger. On pense aussi à des films comme A la recherche de Garbo ou A bout de course dans le sens où Sidney Lumet va parler des liens familiaux, et il faut dire que tout le travail de narration, entre les années 1950 avec son image légèrement sépia entremêlé avec les années 1960 avec du grain donne quelque chose d'assez fort au niveau formel.
Certaines scènes sont parfois difficiles, comme un moment de lynchage du père ou la fameuse condamnation à mort avec un plan filmé in extenso, mais Daniel est un film très fort, encore un diront certains, dans la carrière de Lumet, car l'histoire a une puissance toujours aussi forte.
D'ailleurs, comme je le disais, la noirceur de l'histoire fait que ça sera un bide, mais ça coutera aussi à la carrière de Timothy Hutton qui tournera le dos à Risky Business pour se jeter corps et âme dans ce film. Tom Cruise peut lui dire merci...