Saving Mr. Banks délivre exactement ce que l’on attend de lui : un divertissement simple et bien policé. C’est aussi malheureusement ce qui l’empêche de s’élever au-dessus de la masse d’autres biopics et comédies dramatiques dans la même veine, tant tout y semble respecter un cahier des charges bien précis. Photographie surannée (j’envie les gens du passé, cette lumière jaune sépia, ce doit être extrêmement apaisant), casting 4 étoiles avec un ou plusieurs rôles forts histoire de faire coucou aux Oscars, ancrage historique et/ou inspiré de faits réels, musique de Thomas Newman (ou Alexandre Desplat quand il est en congés)… Une liste non-exhaustive mais malgré tout suffisamment représentative de ce genre de film.
Non pas que tout cela soit péjoratif, mais force est de constater que si la recette peut être goûteuse, ce n’est pas la plus originale de toutes, loin de là. Malgré cela, Saving Mr. Banks donc est un film divertissant, en grande partie grâce à de solides interprétations (Emma Thompson bien sûr, formidable en auteure névrosée, mais Tom Hanks ne s’en sort pas trop mal de son côté, et du côté des seconds rôles j’ai trouvé Colin Farrell et Paul Giamatti particulièrement excellents), mais aussi de son scénario bien ficelé, quoique un peu irritant sur le départ à cause de cette abondance de flashbacks qui viennent interrompre l’action à des moments peu opportuns. Même si ces flashbacks prennent sens par la fin du métrage, l’intrigue aurait gagné en fluidité à ne pas les imposer par caisses au spectateur dès le départ.
J’ai en outre apprécié l’effort apporté dans la reconstitution. Non pas que je sois expert en la matière, ni même que j’aie été vivant au moment des faits ; mais en-dehors de quelques détails (le cheval blanc, quel intérêt ?), l’ensemble m’a paru non seulement fidèle mais aussi extrêmement intéressant, car attaché à la fois à P.L. Travers et ce qui l’a amenée à imaginer Mary Poppins, mais aussi aux conditions de travail de l’époque au sein des studios Disney (même si de ce côté je trouve le film un peu plus soft et consensuel, il fallait s’y attendre mais bon…). A part cela c’est drôle, parfois touchant, ça tire peut-être trop facilement sur la corde du pathos, mais vu que c’est bien ficelé on passera l’éponge dessus. Le genre typique de long-métrage sur lequel je ne trouve pas grand-chose à dire, mais pas grand-chose à redire non plus heureusement.