Le plan final, qui sonne particulièrement faux, synthétise le principal écueil qui rend le film bancal voire risible. On y voit une mosaïque de fenêtres d'appartements que notre écrivain juvénile scrute, déjà persuadé d'avoir percé les mystères de la nature humaine. Pourquoi cela sonne-t-il si faux ? Surtout parce que dans chaque logis semble se dérouler un drame dans le sens large, de la dispute conjugale au meurtre en passant par la soirée arrosée. Sauf que dans la vie, il ne se passe pas toujours quelque chose, nos vies ne sont pas des synopsis de séries TV ou les évènements marquants s'enchainent succinctement. Pourtant, c'est bien ce que le jeune homme cherche dans la Maison : il faut de l'action, du rebondissement, et son mentor l'encourage même en ce sens ! Le personnage de Luchini affirme ainsi que les détails sont inutiles, que seuls comptent les évènements marquants, sinon l’œuvre ne vaut pas mieux qu'une série. C'est rigoureusement l'inverse ! Les séries médiocres sont justement celles qui déploient leur intrigue à toute vitesse, ne s'attardant pas sur les aspérités de la vie.
L'élève applique cette méthode, et résultat : tout est prévisible, rien n'est vrai et les scènes de la maison Rafa censées refléter le génie du jeune auteur sont d'une platitude assommante. On aurait pu en rire de bon cœur si Ozon assumait ici un registre dans lequel il excelle, le burlesque. Or celui-ci est loin d'être assumé, au contraire du plus récent Mon crime, bien plus abouti en ce sens.
Autre élément qui semble abordé à tâtons, l'enjeu sociologique pose lui aussi question. On ne comprend que difficilement le double choix de dresser un portrait "de la classe moyenne", tout en mettant en scène le stéréotype de la famille aisée américaine, loin de tout réalisme social.
Ajoutons à tout cela une direction d'acteurs calamiteuse en particulier pour la famille Rafa (Denis Ménochet en tête), mauvaise direction sans doute liée à l'indéfinition du registre, précédemment évoquée.
Le film échappe toutefois à la catastrophe absolue grâce au duo Luchini/Scott Thomas, dont les scènes sont plus maitrisées et parfois très drôles.