Dans un lycée improbable, un prof se prend d’intérêt pour les écrits d'un jeune élève, ce qui va
les mener vers une situation de plus en plus inextricable.
Jamais là où on ne l'attend, François Ozon adapte librement une pièce de théatre (ce qui ne se voit pas) dans lequel la perversion est le mot clé. On ne sait jamais vraiment ce que ressent le prof pour cet élève, si c'est une forme d'admiration ou une sorte de désir via les écrits car il est celui qui réanime son désir d'enseigner.
C'est incarné par un Fabrice Luchini formidable, tout dans la nuance, et le jeune élève est joué par le prometteur Ernst Umhauer, lui aussi dans une perversion renfermée, à la fois dans le désir de satisfaire son prof mais aussi dans son intrusion chez la famille de son meilleur ami, qui baigne dans quelque chose de presque fantastique dans l'ambiance.
Bien que le film se situe dans la région parisienne, le lycée donne presque à croire qu'on est dans une high school américaine avec ces gens qui doivent porter des tenues, ces longs couloirs comme on a vu dans des tas de films.
Mais l'essentiel du film tient dans la relation ambiguë entre cet élève et ce prof, la femme de ce dernier (impeccable Kristin Scott Thomas) s'inquiétant de plus en plus de la sorte que transe qu'a l'air d'éprouver son mari.
Citons aussi au casting Denis Méhochet, Emmanuelle Seignier, Jean-François Balmer, car il faut dire que c'est très bien joué, chaque rôle ayant sa place sur l'échiquier de la perversion. Il est juste dommage que Kristin Scott Thomas soit un peu évacuée en cours de route, avec sa menace de licenciement dans sa galerie d'art composée de poupées gonflables, mais il y a chez Ozon une certaine forme de jouissance à faire aller ses personnages dans des recoins sombres de leurs âmes.
C'est vraiment un de nos meilleurs réalisateurs actuels, car on aurait bien imaginé Claude Chabrol prendre en mains un tel script.