"Qui d'autre que Tsui Hark pour faire un film pareil ?" C'est ce que je me suis dit à la fin de ce film. Dans la nuit des temps, tout comme The Lovers, sorti un an plus tôt, c'est toute la magie et la créativité du cinéma hongkongais, au centuple, et concentrées dans une pellicule d'à peine 1h 45.
Aucun temps mort : le cinéaste est un très bon narrateur, mais également un monteur hors-pair. Sans concession, il coupe et organise ses scènes de façon à livrer une œuvre qui semble comme pleine à craquer de toutes les émotions possibles et imaginables. À sa façon, Dans la nuit des temps est ce que j'appelle un "film-monde" ; un film qui déborde réellement de tout ce qui fait le charme de la vie : la joie, les peines, le rire qui les suit et bien sûr l'amour. Nicky Wu et Charlie Yeung, débordant chacun du même pétillement qui faisait déjà leur charme dans The Lovers, reprennent le rôle de ces amoureux qui se cherchent, se tournent autour, se charrient pour au final succomber à l'évidence qu'ils sont faits l'un pour l'autre.
Visuellement splendide avec ses couleurs incalculables et ses décors surchargés, le film de Tsui Hark n'en oublie pas pour autant ses origines hongkongaises : le réalisateur expérimente sans cesse avec des effets spéciaux qui ont certes bien mal vieillis, mais qui surprennent et font rire tant ils sont loufoques et inventifs.
Le rire, lui, est présent à pratiquement chaque scène, volontairement ou non. Le film peut-être vu comme une comédie à part entière. Les gags ne volent pas haut, mais ça a étonnamment fait son effet sur moi : j'ai ri du début à la fin de bon cœur. Des personnages qui tombent dans l'eau, une touche de paradoxe temporel, un surjeu typique des acteurs hongkongais et voilà qui est suffisant pour provoquer une vraie hilarité chez le spectateur ébahi.
Certes Dans la nuit des temps n'est pas le genre de film où il faut titiller en ce qui concerne la crédibilité ou la cohérence ; mais aller en ce sens c'est déjà sortir du cadre enchanteur dans lequel nous immerge Tsui Hark de par son histoire, ses visuels et sa musique (toujours splendide). Il faut se laisser porter, emporter par la magie de ce cinéma hongkongais, porteur dans ses tripes d'une poésie folle et qui ne peut que faire se réveiller le cinéphile qui sommeille en chacun de nous.