Dans la vallée d'Elah par Brice B
Du réalisateur d'origine canadienne Paul Haggis, on pourra affirmer sans ciller qu'il a un flair et un talent formatés pour le succès. Après avoir été le producteur de l'oscarisé Million Dollar Baby, le réalisateur de l'excellent Collision, le scénariste du diptyque de Clint Eastwood (Mémoire de nos pères et Lettres d'Iwo Jima), et un des scénaristes des deux derniers James Bond, il nous offre aujourd'hui un excellent film sur la guerre en Irak, Dans la vallée d'Elah, affichant ainsi une fois de plus son opposition connue à la politique de l'administration Bush.
En tête d'affiche, on retrouve le vieillissant (mais toujours aussi convainquant) Tommy Lee Jones interprétant un retraité de la police militaire, qui part à la recherche de son fils, soldat engagé en Irak mais rentré quelques jours plus tôt à sa base américaine, et déclaré disparu depuis. Quand les enquêteurs découvriront les restes de son corps découpé puis brûlé au bord d'une route, quelques jours plus tard, il enquêtera aux côtés d'une femme flic un peu perdue entre son boulot et sa vie de famille, rôle tenu par la ravissante Charlize Theron.
Confronté à des conflits d'intérêt et de juridiction, face à une police militaire décidée à classer l'affaire au plus vite sans faire de vague, Tommy Lee Jones va devoir accélérer l'enquête, quitte à agacer les deux partis, en menant lui-même des interrogatoires sauvages.
Critique scénaristiquement bien amenée d'un pays et de ses nombreuses certitudes face à la guerre qu'il a déclenché en Irak, confrontation de jeunes soldats livrés à eux-même et pas préparés à affronter la réalité d'un tel conflit, Dans la vallée d'Elah pose habillement le socle d'une remise en question qu'un pays a depuis longtemps cessé de pratiquer.
Comme le conclut Tommy Lee Jones au terme de son enquête en hissant le drapeau américain à l'envers, "this country is in deep trouble, we need some help". Un très bon film porté par de brillantes interprétations.