Pour son deuxième film après le grand succès de "Crash", Paul Haggis s'inspire d'une enquête journalistique de Mark Boal (dans le magazine Playboy) pour signer cet ambitieux "In the Valley of Elah", à la croisée du thriller mystérieux et du drame engagé.
On est assez vite happé par la tragédie vécue par ce père (Tommy Lee Jones), lui-même ancien militaire de carrière, qui a vu l'US Army lui "prendre" ses deux fils... On veut savoir ce qui est arrivé à Mike, son cadet tout juste revenu d'Irak, et on suit avec intérêt l'enquête de police confiée à une mère célibataire obstinée (Charlize Theron), pas vraiment aidée par les autorités militaires.
Au fur et à mesure que l'enquête avance, le thriller laisse progressivement la place au drame et au réquisitoire antimilitariste, jusqu'à cette magnifique scène finale, bouleversante - que l'on retrouve sur l'affiche du film.
Au final, Paul Haggis signe un film poignant, dont la réalisation sobre évoque parfois Clint Eastwood - pour lequel Haggis a notamment signé le scénario de "Million Dollar Baby" - mais qui manque d'un je ne sais quoi pour devenir un vrai classique.
Certaines scènes apparaissent un peu faibles ou artificielles (quand TLJ joue au père de substitution chez la belle Charlize par exemple), et par ailleurs la parabole sur David et Goliath ne me paraît pas tout à fait limpide, désolé...
Quoi qu'il en soit, "In the Valley of Elah" a le mérite de constituer l'une des premières condamnations hollywoodiennes de la politique bushiste au Moyen-Orient - ce qui justifie amplement le visionnage.