Nouvelle expérience de revoyure d'un film à plus de 40 ans d'écart.
Passer de l'autre côté de l'écran / aquarium, se mettre dans la peau d'un Axolotl (cité dans le film), ce qui est la meilleure façon de répondre à l'invitation du cinéaste : "abolir l'espace et le temps, par une immobilité pleine d'indifférence".
"Je voyais de très près la tête d’un axolotl immobile contre la vitre. Sans transition, sans surprise, je vis mon visage contre la vitre, je le vis hors de l’aquarium, je le vis de l’autre côté de la vitre. Puis mon visage s’éloigna et je compris" / Cortazar (extrait de la nouvelle Axolotl).
Alain Tanner entrelace les récits filmiques (narration directe, échanges épistolaires, captations tremblées à la caméra super 8 ), et nous fait vivre le sentiment de déréliction du personnage principal incarné par Bruno Ganz. On sent que cela pourrait être nous, qu'il est si aisé de changer de peau / bord.
Note maximum : car il s'agit là des films qui ont forgé à jamais mon goût pour le cinéma
Citations :
"Votre montre là marche à l'envers.
- Non elle marche juste, c'est le monde qui marche à l'envers.
- Ah bon ? Intéressant. Si on ferait marcher routes les montres à l'envers, le monde irait à l'endroit."
"Je vais bien. Je suis libre. Je ne fais rien. Je ne suis pas en vacances... En vacances on fait quelque chose. On organise sa liberté. Moi pas. Je ne fais rien.
Adresse : poste restante, Lisbonne."
La référence à l'Axolotl citée dans le film :
" Ce fut leur immobilité, qui le fit pencher vers eux, fasciné, la première fois que je vis les axolotl. Il me semblait obscurément comprendre leur volonté secrète : abolir l'espace et le temps, par une immobilité pleine d'indifférence. Ils épiaient quelque chose... Un lointain royaume déchu... Un temps de liberté où le monde avait appartenu aux axolotls."
Musique de Jean-Luc Barbier (https://www.swiss-jazz.ch/audio-mai-1983.htm)