Pour son troisième métrage Daniel Barber, nous offre une sorte de western huis-clos, sur fond de guerre de sécession. Comme "Harry Brown" héros improbable, cette fois-ci, trois femmes, deux soeurs et leur esclave feront front contre deux soldats, dont on ne sait au départ, si ils sont déserteurs, éclaireurs, ou perdus, mais qui au fil de leur chemin montreront toute leur violence et cruauté envers ceux qu'ils croiseront.
Une première scène avant générique sera d'une telle facilité que l'horreur en sera d'autant plus grande.
Isolées, alors que la guerre a vu leurs hommes partir se battre, la vie semble assez sereine pour ces trois femmes, la chasse dans une belle forêt alentour pour l'aînée, rêveries d'adolescente pour la seconde, et cette esclave qui ne l'est plus, caressant et brossant son cheval blanc, dans le jardin, tout en silence, avant d'aller travailler le jardin, toutes trois ensemble. Tout est calme et l'ambiance stressante d'insécurité est justement palpable. Il n'y a personne et c'est bien cela le drame. Tout va démarrer lors de l'absence de l'aînée vers la petite ville, même si on s'en doute, si c'est prévisible et si le scénario semble léger cette prévisibilité n'empêche pas de passer un trés bon moment, bien prenant, avec malgré tout sa dose de suspense. Car justement le scénario a d'autant plus de force qu'il ne fait pas dans l'étude psychologique ou l'action ; une simple tranche de vie, sur quelques jours . Un contexte perturbant laissant le champ libre aux bas instincts des uns, et à l'impuissance des autres.
Quelques passages obligés pour plus de profondeur : l'adolescente qui évoluera au fil du temps et des drames, les traumatismes liés à l'esclavage se feront jour dans un moment de partage et l'aînée qui prendra les choses en main pleine de doute mais d'une énergie salvatrice. L'émotion par instant sera vite balayée ensuite pour appuyer le peu d'espoir.
Un film maîtrisé, lent, violent et doté d'une belle photographie, des scènes sans concession, et des acteurs qui permettent de suivre avec une tension tout du long ce sorte de survival. Pas de scène de guerre non plus, et une lumière naturelle appuie cette ambiance sombre, pour un final qui finira de démontrer la capacité de ces femmes à la survie...
....Ce que l'on peut craindre de la nudité lors d'une scène pour effet cinématograhique est évité par une caméra pudique et un plan rapide, tout en siginifiant avec force la situation d'urgence, et de se rhabiller avant d'aller affronter les intrus, renforce aussi le caractère réfléchi de l'aînée...
Sam Worthington change de registre pour un second rôle, on remarque aussi Kyle Soller d'une désinvolture particulièrement inquiétante, Muna Otaru, Brit Marling crédibles et justes et Hailee Steinfeld que l'on a pu déjà voir jouer, s'en tire à merveille dans ce personnage capricieux.
Une petite originalité réussie pour ma part ne serait-ce que par le parti pris d'éviter la romance.