Tammy Faye est n’est pas une figure célèbre, même inconnue pour qui n’est pas un américain d’un certain âge. Cette fervente chrétienne est devenue une télévangéliste star durant les années 70 et 80, puis elle a été partie prise d’un scandale financier avec son mari par la suite qui a défrayé la chronique à l’époque. Un parcours intéressant et qui valait bien un biopic pour les thèmes qu’il évoque mais aussi la personnalité iconoclaste et hors normes de cette femme. Avec « Dans les yeux de Tammy Faye », on parle donc d’une certaine religion devenue marketing et de la manière dont certains américains bigots étaient hypnotisés par ces programmes télévisés prosélytes. Mais aussi du rêve américain et de toute une frange conservatrice de cette Amérique homophobe, sexiste et raciste. En filigrane et parce que c’est le sujet à la mode du moment : la place de la femme dans la société et ici plus particulièrement au sein d’une entreprise religieuse.
Le film se suit avec intérêt, on est captivé par les pérégrinations de ce couple déluré, amoureux de Dieu et qui va se prendre les pieds dans le tapis du succès et de l’hypocrisie. La direction artistique est flamboyante, recréant à merveille les décors et les costumes ainsi que l’ambiance de ces shows télévisés de l’époque et de ces années encore très rétrogrades. Même la typographie très kitsch d’antan pour les encarts à l’écran nous immerge parfaitement dans ces années-là. En revanche, la réalisation de Michael Showalter (réalisateur de plusieurs comédies oubliables hormis la plus remarquée « The Big Sick ») est très scolaire et anonyme. On pense plus à un téléfilm de luxe, un peu comme le « Ma vie avec Liberace » de Steven Soderbergh qui se déroulait dans les mêmes années, qu’à un vrai film de cinéma. Mais ça passe, cela manque juste d’originalité et d’emphase visuelle. Quant au sujet de fond, il vaut quand même le détour tant ce scandale énorme montre la vénalité de certains prêcheurs auto-proclamés viciés par l’argent et la renommée.
A contrario, on aurait apprécié que « Dans les yeux de Tammy Faye » se détache de la sacro-sainte règle qui semble enrober tous les biopics à l’heure actuelle, qu’ils soient musicaux, sportifs ou autre comme ici : celle qui voit la narration emprunter toujours ce schéma allant de l’enfance, aux débuts compliqués puis au succès écrasant avant la chute et la rédemption. Comme si c’était le déroulé unique au cinéma pour raconter la vie de quelqu’un de célèbre... Et il faut dire que 90% de ce type de films suit ce schéma. On est donc peu surpris, pire, on sait très bien comment cela va se passer même sans connaître l’histoire du personnage titre. Dans le rôle, Jessica Chastain enfile tous les prérequis d’une performance à Oscars (changement physique, modification de la voix, maquillages et costumes outranciers, ...). Ce n’est certes pas fin mais c’est réussi et conforme en tous points à la personnalité hors normes de cette Tammy Faye et elle devrait avoir sa nomination l’an prochain. Dommage que les sujets polémiques soient juste effleurés avec précaution et que tout cela reste très classique et académique. Notamment sur la religion en elle-même, relativement épargnée ici. Mais c’est un biopic honnête et correct qui se suit avec plaisir.
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