Alors qu'elle ambitionne de s'installer avec son mec, et qu'elle aspire à de hautes ambitions dans l'institut de sondage où elle travaille, une femme s'entaille la jambe lors d'une soirée chez une amie : au lieu que ça lui procure des douleurs, elle semble aimer cette sensation. Au point de s'auto-mutiler peu à peu...
Premier film de Marina de Van, dans lequel elle a d'ailleurs le rôle principal, Dans ma peau montre de manière presque fétichiste les dégâts subis peu à peu par le corps et le plaisir masochiste à contempler les plaies, jusqu'à vouloir les ouvrir à nouveau, et ainsi de goûter à son propre sang. De ce fait, je trouve ça très dérangeant, mais j'aime être bousculé, car on sent que Marina de Van aime le cinéma de David Cronenberg, en particulier Crash, à admirer de façon quasi obscène ce corps qu'elle mutile peu à peu. Étant donné que c'est le sien, qu'on voit d'ailleurs nu dans un plan où on voit la plaie béante au niveau de la jambe, je me demande si ça n'est pas une métaphore de la réalisatrice sur sa propre mortalité, son corps qui se désagrège peu à peu au fur et à mesure du temps. On sent bien que le budget parfait riquiqui, avec du sang qui ressemble parfois à du ketchup, mais on ne peut nier la radicalité du propos, de sorte que l'interdiction aux moins de 16 ans me semble justifiée. De plus, le bruit de la peau qu'elle gratte avec ses doigts ainsi que celui des plaies qui s'ouvrent hantera les esprits...
Dans le reste du casting, on notera la présence de Léa Drucker, Thibault de Montalembert, et de Laurent Lucas qui renverra à un autre rôle bien dérangé qu'il jouera près de 15 ans plus tard, dans Grave. Un clin d'oeil à ce film de Julia Ducournau ? En tout cas, malgré quelques affèteries de mise en scène, dont un plan en split-screen, ainsi qu'une fin ouverte qui semble montrer que la réalisatrice elle-même ne savait pas comment terminer son récit, Dans ma peau démontre le talent singulier de Marina de Van, qui n'a réalisé que deux autres films depuis.