Dans un jardin qu'on dirait éternel est l'exact opposé de Tenet et fait un bien fou, éloge de la lenteur et de la contemplation dans ce monde de brutes. Comme l'exprime le leitmotiv du film, "Chaque jour est un beau jour", et la répétition peut-être source de bonheur et de sérénité. Ainsi, l'héroïne du long-métrage de Tatsushi Ômori (réalisateur jusqu'ici inconnu au bataillon) convoque ses souvenirs des thés, pour évoquer cette sorte de thérapie qui lui a fait comprendre quelle était sa place dans la société. Le film est une expérience sensorielle qui dit l'importance du passage des saisons et de ses propres sensations face à la pluie, le froid ou la chaleur. Pendant la cérémonie du thé, le temps suspend son vol et ces petits gestes qui le caractérisent sont autant de marques de respect à la nature. Quel raffinement, quelle délicatesse et quelle élégance dans ce film aux enjeux dramatiques limités mais dont les vertus apaisantes sont incontestables dans une salle de cinéma où, là aussi, le tumulte du monde est tenu à l'écart, une centaine de minutes durant (à moins de préférer l'agitation de Tenet, hé, hé). Hormis une voix off superfétatoire, Dans un jardin qu'on dirait éternel est un sans faute émotionnel. Bien qu'elle n'ait qu'un second rôle, le spectateur n'a d'yeux que pour la vénérable Kirin Kiki, vénérable maîtresse de cérémonie, qui trouve là un rôle à sa mesure, peu avant sa disparition. Comme un symbole de sagesse et d'expérience, dans la bienveillance et la compréhension harmonieuse du monde.