Une note au sommet. Mais ce n'est pas pour l'aspect "horreurs de la guerre". Pour cela on a les deux excellents films que sont Le tombeau des lucioles et Gen d'Hiroshima. On sent toutefois que Dans un recoin de ce monde s'en est généreusement inspiré.
Non, ce qui m'a subjugué dans ce film, c'est le parcours initiatique de Suzu pour devenir une adulte. Chaque évènement qu'on espère lui arriver se produit... et plus encore. Tour à tour, on tombe amoureuse avec l'héroïne, on panique quand on entend que la grand-mère est au courant pour le mariage, et on est terriblement gênée pour cette histoire de parapluie. Mais on est forte. Puis, quand on croise ce garçon qu'on aime, et l'entend dire sans effet esthétique particulier de l'image ou du son qu'il ne sera pas notre mari, on pleure on pleure on pleure. Et puis, la vie prend une tournure agréable malgré les difficultés, et puis un jour : des larmes, des larmes. Et on assume la vie qu'on a, et on est tombée amoureuse à nouveau. Et c'est à ce moment-là qu'on voit Suzu se fâcher avec son mari pour tout et pour rien, et ça nous fait rire et nous fascine à la fois. La petite Suzu a bien grandi, et pourtant elle semble encore si jeune. Et puis le mot est lâché : mariage forcé. On se demande, on doute, on veut rentrer. C'en est trop, trop de malheurs dans cette vie nouvelle. Mais Shûsaku, qui a tout vu à travers nous, malgré nos mensonges éhontés, Shûsaku est franc et sincère et il nous comprend. On n'est pas seule finalement.
Les émotions sont formidablement retransmises, même si c'est peut-être plus facile avec un personnage animé, mais ça demande tout de même une certaine maîtrise. Mais je dois reconnaître un point "négatif", c'est que ce film est tout sauf réaliste. Il fait rêver, comme un bon manga, mais tous les personnages sont mignons et gentils. Le tombeau des lucioles, pour ne citer que lui, donne un tout autre aspect de l'humanité. Dans un recoin de ce monde n'en reste pas moins une très belle histoire d'amour.