À la croisée des pas Sioux

Rares sont les films qui soulèvent en moi une certaine disposition à les accepter tels quels, sans que mes penchants égocentriques ne fassent irruption importunément. Les morceaux de ce film consacrés aux bons sentiments et à l'amour, la haine, la nature... sont autant de raisons recevables de se sentir agresser violemment pendant presque quatre heures que de s'en satisfaire, en toute conscience.

Frisottant dangereusement son sujet, parfois jusqu'à plus soif et au risque d'infliger un long ennui mortel à ceux qui ont bien voulu le vivre, «Danse avec les loups» est dévoré de toutes parts par une authenticité qui lui permet de mieux laisser entrevoir les bonifications de cette exploration auprès des peuples nobles.

Avec respect, pudeur et parfois humour, le film de Kevin Costner n'a pas l'esprit dominateur, à l'image d'une grâce humaniste qui tend l'oreille pour écouter l'ombre qui fait peur et dont il se fait le porte-parole. Accessoirement, il est une issue de secours destinée à ceux qui sont épris de western, leur prouvant qu'on ne marchande pas sept oscars d'un simple coup de vent. Ne raillant pas le passé d'un genre qu'il magnifie, et malgré les montées de névrose de quelques langues trop pendues, «Danse avec les loups» est un chef-d'œuvre nostalgique et manifeste.