Fustiger le Dante 01 de Marc Caro reviendrait presque à tirer impunément sur l'ambulance du bonhomme, tant l'accueil dudit film fut sévère voire désastreux à l'époque de sa sortie... à tel point qu'aujourd'hui encore cet objet de cinéma atypique reste pour le moins méconnu lorsqu'il n'est pas décrié, passant pratiquement inaperçu à la manière du mésestimé Blueberry de Jan Kounen.
Il faut hélas se rendre à l'évidence : malgré son audace et son ambition cette proposition Caro pur jus côtoie souvent la catastrophe en termes d'efficacité. Foncièrement courageux dans sa volonté de créer de nouvelles formes Dante 01 demeure incontestablement un film raté, inspirant certes une certaine sympathie mais terriblement poussif et ennuyant. L'un des aspects les plus préjudiciables de ce long métrage bancal reste probablement l'écriture des personnages, relevant plus de la décoration que d'une réelle épaisseur psychologique.
On pense forcément au huis-clos horrifique du premier Alien au regard de cette singulière affaire d'asile spatial, et bien entendu aux deux films que Marc Caro co-réalisa avec Jean-Pierre Jeunet dans le courant des années 90. Le réalisateur parvient honorablement à digérer ses diverses références dans la mesure où sa mise en scène ne ressemble qu'à elle-même... Cependant le scénario sape très rapidement ses enjeux et l'ensemble de cette intrigue mâtinée de paranoïa gentillette se laisse suivre dans une regrettable indifférence. Les effets gratuits et l'étalonnage pisseux chers à Marc Caro n'arrange rien à cette débâcle aussi plombante qu'étrangement attachante. Et c'est triste.