Alors que son comparse Jean-Pierre Jeunet s'est illustré par une série de films tous plus variés les uns que les autres, Marc Caro est resté quant à lui un peu dans l'ombre, ne réalisant qu'une poignée de pubs et courts-métrages. Aussi s'attèle-t-il à la fin des années 2000 à son premier long-métrage en solo, un thriller science-fictionnel co-écrit avec Pierre Bordage, géant de la science-fiction littéraire à qui l'on doit déjà "Les Guerriers du Silence" ou encore le "Cycle de Wang" et qui s'était déjà attelé au poste de scénariste pour le mitigé Eden Log.
Portant indubitablement la patte de ses deux auteurs, Dante 01 suit un groupe de scientifiques et de détenus psychotiques au sein d'une prison interstellaire qui voit sa petite vie chamboulée par l'arrivée d'une scientifique aux méthodes expérimentales et d'un nouveau détenu aussi énigmatique que déstabilisé. C'est le début d'un cauchemar progressif sans nom. Fortement inspiré de la "Trilogie des Prophéties" de Bordage, le scénario regorge d'allusions évangéliques, de métaphores christiques, peuplant un vaisseau de plus en plus étouffant. La mise en scène de Caro, elle aussi étouffante, faite d'un montage surdécoupé, de gros plans en courte focale, d'effets spéciaux plus ou moins réussis et d'une atmosphère lugubre, déstabilise le spectateur, le confine lui aussi dans cet univers d'acier sans réelle issue.
Entre expérimentations douteuses, miracles incompréhensibles et personnages mystérieux, l'intrigue nous guide vers une épopée humaine au summum de l'étrange, bien menée et parfois effrayante mais qui tombe hélas en fin de bobine dans un final incompréhensible, pas vraiment utile et surtout mal amené. Comme s'il manquait clairement une ou deux scènes de raccords, ce final perturbant inspiré par 2001, sorti de nulle part et à peine lié à l'intrigue, ne peut être qu'interprété ou alors tout juste compris par ses propres auteurs. Dommage donc que ces quelques dernières minutes décalées tranchent avec un récit sobre mais puissant qui aurait pu clairement redorer le blason d'un cinéma de science-fiction français alors beaucoup trop discret.