Una vita di cinema

Des documentaires sur Dario Argento, il y en a eu une multitude. De très bons, parfois. À l'image de Il Mio Cinema en 1999 ou, vingt ans plus tard, de Soupirs Dans Un Corridor Lointain sous l'impulsion de Jean-Baptiste Thoret. Que pouvait donc apporter de plus ce Panico si ce n'est qu'une rengaine répétitive ?... Et bien peut-être le plus passionnant portrait qui n'ait jamais été fait jusqu'ici à propos du Maestro del brivido.

On y suit Dario qui s'installe dans un paisible hôtel de campagne qu'il n'a pas choisi pour y rédiger son prochain scénario. Mécontent de la distance entre ce havre de paix et sa propre maison, il râle continuellement tout en restant courtois avec le personnel de l'établissement et en tentant vainement de s'adapter à l'endroit. Derrière sa caméra, Simone Scafidi scrute inlassablement les faits et gestes du célèbre cinéaste transalpin qui finit par se poser pour retracer son parcours de vie.

L'excellente idée de Scafidi est de réunir une poignée d'intervenants que l'on n'a pas l'habitude de croiser au sein des documentaires sur le Maestro. À l'image de sa sœur Floriana, de sa première femme Marisa Casale ou de la comédienne Cristina Marsillach, heroïne d'Opera, avec qui l'entente ne fut pas parfaite. De nouveaux points de vue passionnants qui contrecarrent parfois certains mensonges qu'Argento avait pu promulguer par le passé. On y apprend par ailleurs, de la part de sa sœur, un traumatisme enfantin que le cinéaste n'a jamais dévoilé lors de ses interviews.

Et puis, à l'image d'Argento Connection, réalisé en 2010, ses filles prennent la parole aux côtés de Luigi Cozzi, Michele Soavi, Lamberto Bava ou encore Franco Ferrini, proches collaborateurs du Maestro. Le tout illustré par quelques images d'archives rares, comme ce mini reportage télévisé en noir et blanc sur le tournage de L'Oiseau Au Plumage De Cristal.

Avec émotion, Dario nous parle de Daria Nicolodi, de son immense culture et (pour la première fois face caméra) des regrets qu'il a eu à l'avoir écartée de Suspiria dont elle fut l'inspiratrice et la principale conceptrice. Des erreurs de jeunesses qu'il finira par prendre en considération suite à son déclin auprès des critiques. Les remises en question, la liste des mauvais choix et un regard lucide sur sa carrière nous montre ainsi un Argento différent, certes toujours caractériel, mais sans une once d'arrogance et de mégalomanie. Un artiste touchant dont la carrière aura été un immense grand huit et dont les œuvres phares auront influencé les travaux de Nicolas Winding Refn, Guillermo Del Toro ou encore Gaspar Noé comme ils viennent eux-mêmes le témoigner ici. Un hommage sincère pour un documentaire brillant, à l'image du magnifique Ennio de Giuseppe Tornatore.