Dark City par Kroakkroqgar

Pour les connaisseurs, ‘Dark City’ est une réécriture futuriste de la bande-dessinée ‘Les Murailles de Samaris’ de Benoit Peeters et Francois Schuiten. En revanche, les deux œuvres s’opposent par bien des aspects. Tandis que ‘Les Murailles de Samaris’ se situent dans un univers fantastique et esthétique, ‘Dark City’ plonge le spectateur dans une science-fiction sombre et parfois un peu cheap. Mais c’est notamment au niveau du développement que les différences se font le plus sentir : la bande-dessinée décrit une longue errance mystérieuse jusqu’au twist fantastique, tandis que le film se construit plutôt comme un thriller à la résolution progressive.

C’est peut-être justement ce choix de scénario qui entache un peu le propos de ‘Dark City’. Le rôle particulier de John Murdoch, le contrôle sur la ville opéré par les extraterrestres, le but de leurs expériences, tout cela arrive peut-être trop tôt, et le spectateur ne se sent jamais écrasé par le mystère de la ville. Mais on regrettera également les négligences scénaristiques associées au contrôle de la ville par les extra-terrestres. De l’injection de souvenirs pas toujours convaincante aux syntonisations de bâtiment un peu clinquantes, en passant par l’endormissement des habitants en pleine rue (au lieu d’arrêter simplement le temps), l’univers n’est pas tout à fait crédible.

Pour autant, ‘Dark City’ est original et intéressant, les points communs avec ‘Matrix’ étant évidents. Les questions métaphysiques posées par le film sont passionnantes, et aurait même mérité un développement plus long. Il aurait d’ailleurs été de bon ton de donner une partie des résultats de l’étude extra-terrestres sur le rôle des souvenirs pour l’individu, même si le film essaie de répondre en partie à la question (l’amour éprouvée par Emma).

Compte tenu de l’ambition du projet, la réalisation de ‘Dark City’ est satisfaisante. Les décors sont cohérents et les effets spéciaux sont convaincants sans être renversants. Toutefois, la noirceur systématique de l’environnement finit par devenir désagréable, et le look des extra-terrestres est un peu surprenant. Au casting Rufus Sewell n’est pas vraiment efficace dans son rôle de fugitif, mais on appréciera la présence de William Hurt et Jennifer Connelly. Quand à Kiefer Sutherland, il laisse une impression mitigé, en partie parce que son personnage représente une nécessité scénaristique un peu évidente.

Une science-fiction originale, mais pas toujours crédible.