Il m'a fallu pas moins de 4 ou 5 tentatives pour aller au bout. Le "plan séquence" d'ouverture, en images synthétiques, a mis un terme à la première tellement il est dégueu. Ou alors c'était la gueule du heros? Comme j'ai vaguement essayé à chaque fois de reprendre là où je m'étais arrêté (il y a pas de bien à se faire du mal, sauf à être maso... merde, je suis sûrement maso), j'ai dû rater des trucs, ce qui est absolument sans conséquences... Oui, parceque la version internationale que j'ai subie est le montage en 1h55 de deux parties de quasi égales durées. Un manuel de sabordage, quoi. Je ne m'explique pas comment les producteurs, qui ont quand même déboursé 36 M$, ont pu exiger ça, ou alors, comme moi, ce sont des masos qui s'ignorent.
Le résultat est immanquablement à gerber sur le plan narratif, les scènes et les dialogues s'enchaînant sur un rythme (le mot est inadéquat) effréné et inbitable.
Je l'ai vu en VF, puisque de toutes façons je ne comprends que 3 mots de russe. Du coup je ne sais pas si c'est aussi mal écrit que doublé. Le montage (tronquage devrais-je dire) n'arrange rien. Sous ces conditions, le jeu d'acteurs est incroyablement répulsif, mais je gage que dans sa version longue il ne soit pas moins hystérique ni plus à contretemps. J'en veux pour exemple cette Rada, supposément amoureuse de "gueule d'ange l'ahuri", le héros, qu'en sa présence elle semble mépriser autant que moi. Elle resplendit par contre face à l'acteur qui joue le ministre qui l'a ecrouée, et lui offre son plus beau sourire. Ce qui fait de son interrogatoire, assise côte à côte avec son bourreau devant un écran d'ordi, une scène de drague. Comment lui en vouloir, c'est le seul acteur qui semble avoir quelque compétence dans le domaine...
Bref, j'ai passé mon temps à me poser cette question : Navet ou Nanar? La photographie, outrageusement bidouillée, maquillée comme une putain hors d'âge (on a l'air moins macho si on dit peripateticienne usagée?), n'est pourtant pas nulle; le cadrage et les mouvements de caméra non plus. Les décors, s'ils sont pompés sur des grands noms du genre, ont au moins le mérite d'y faire référence et au final sont assez réussis. 36 M$, ça paraît peu pour deux films, mais d'une part ce n'est pas ridicule non plus, d'autre part les coûts ne sont pas les mêmes qu'à Hollywood, ne serait-ce qu'en termes de cachets. Et je me suis surpris à me dire "trop de moyens pour un nanar", même si ce n'est évidemment pas le seul critère.
Moyens, photo, décors ne sont pas assez indigents pour un Nanar. Dialogues, jeu d'acteurs, cast votent pour le navet. Ou l'inverse. J'ai pas su trancher.