Avec ce film potage et bouillon… je veux dire potache et brouillon, on est jamais très loin de la soupe. Ce consommé de trip étudiant de fin d’année, délayé pour pouvoir sortir en salle, ne manque pas de sel.
Le fait que Dan O’Bannon, copain de Carpenter et futur père de la saga Alien ou Total Recal, fasse le zozo à côté de trois autres acteurs en roue libre donne un sacré côté velouté au plat. Il est également co-auteur du scénario, et manifestement le chef d’œuvre Scottien est en gestation.
Quatre astronautes perdus depuis 20 ans dans un vaisseau détraqué et psychotique tentent tant bien que mal de s’en sortir, contenant toujours plus difficilement des personnalités déviantes. C’est rien de dire que les garçons deviennent progressivement totalement soupe-au-lait.
On frôle l’indigeste très souvent avec des effets spéciaux venus d’une autre galaxie (la constellation fauchée, en l’occurrence), un scénario qui souffre de ne pouvoir tenir son 1h20 finale, un extra-terrestre digne du meilleur Ed Wood et des décors que n’auraient pas renié mon grand-oncle aveugle de naissance. De curieux ingrédients arrivant comme autant de cheveux dans la soupe.
Ceux d’entre vous, par contre, capables de discerner de fines saveurs au milieu d’un infâme brouet se délecteront de quelques plans annonciateurs du talent du maître charpentier: une séquence cryogénique terriblement graphique (The thing to come), quelques idées poivrées à souhait (la bombe philosophe et têtue est un agréable prolongement nonsensique du HAL de 2001) et un final surfant sur le délire qui vaut à lui seul la vision du film.
C’est parfois gros, mais c’est toujours plein (gros ? plein ? de soupe ! Ha ha !).
L’un dans l’autre, pas de quoi cracher dedans.